La rencontre y gagnerait à s'intituler « Les Rendez-vous de l'histoire » pour peu qu'elle soit étayée d'une volonté courageuse d'ouvrir pour nos enfants, la chronologie de glorieuses pages d'«histoire» qu'ils n'ont pas dans leurs manuels scolaires. D'où l'exigence d'en finir avec l'étourderie des hommes qui cadenassent l'histoire en haut de l'horrible donjon de l'interdit. Si tant et d'irréfléchie attitude, que l'on a jeté nos enfants, l'esprit et l'âme liés, en pâture aux tablettes électroniques, où ils vivent depuis, dans l'isolement de l'histoire. Alors, et eu égard à la citation du poète français Pierre-Claude-Victor Boiste : « Le plus long chapitre de l'histoire de l'homme est celui de ses inconséquences » ! Donc, le mieux est d'arracher l'enfant aux « timucuha » ou l'historiette d'un soir que tendre grand-mère ne conte plus aux alentours du « Nafakh » et de l'intéresser à l'histoire, la vraie ! D'ailleurs, il n'en fallait pas beaucoup pour enflammer l'intérêt de l'enfant, si ce n'est qu'un portrait de Debbih Chérif dit Si Mourad (1926-1957) usé par le temps et qu'un parent d'élève du collège du même nom, a eu l'inventive idée de lui redonner vie avec l'apport de l'artiste-peintre bénévole Benhamouche Kahina : « Au-delà de l'intention de conserver l'œuvre picturale de l'artiste-peintre Chérif, un égyptien de la Casbah, l'optique est d'extraire également ce martyrs de l'oubli en éduquant nos enfants sur l'itinéraire de ce héros tombés au champ d'honneur à l'impasse Mokrane-Zouaoui (ex-Saint-Vincent de Paul) dans la Basse-Casbah, » a-t-on su du poète Rezagui Rachid à qui l'on doit aussi, l'initiative d'un après-midi mémoire qu'il a organisé au collège baptisé au nom du chahid sis à l'ancienne rue « les-tournants Rovigo » à Bab-Edjedid. Du reste l'idée était d'autant pédagogique pour y faire coïncider l'inauguration de ce portrait, avec le souvenir douloureux du 8 mai 1945, œuvre morbide de la soldatesque française. D'où l'idée collégiale de Lounis Aït Aoudia de solliciter l'intervention du chef de l'historique zone autonome d'Alger qui est venu conter aux élèves de l'école « Debbih-Chérif », l'héroïque fin de Debbih Chérif et de ses compagnons lors de ce funeste jour du 26 août 1957 : « Il était 13h quand le régiment du 3e RPC que commandait le colonel Marcel Bigeard sonnèrent l'hallali et jusqu'à ce que meurtre s'ensuivit contre ce quatuor de preux fidaïn de l'ALN qui tombèrent au champ d'honneur à la douera n° 4 de la famille Rodaci où Hadji Othmane dit «Ramel», Debbih Cherif dit «Si Mourad», Zahia Hamitouche (20 ans) et Nouredine Benhafid avaient élu PC pour la fabrication de bombes. A ce jour, la s'qifa de la douera fait encore l'écho au déluge de feu avec lequel furent accueillis les parachutistes, qui opéraient sur renseignement. Encerclés de la bab eddar et jusqu'à la terrasse que survolaient des hélicoptères. » La suite ? On l'a connait dans le scénario de Franco Solinas (1927-1982) d'après le livre de Yacef Saadi : « La bataille d'Alger », où il eu plusieurs morts et blessés dans les rangs de l'ennemi. A l'issue de la conférence, l'ancien directeur de « Casbah film » a gratifier son jeune auditoire, de deux DVD intitulés « La bataille d'Alger » (1966) de Gillo-Pontecorvo et « Debbih-Chérif dit Si Mourad – Les héros ne meurent jamais » ainsi qu'un extrait des « Archives françaises sur la Zone historique autonome d'Alger ». Outre les trois tomes de « La bataille d'Alger », Yacef Sâadi promet deux autres livres, mais il n'en dira pas plus. Quoi qu'il en fût d'un après-midi mémoriel, les enfants en redemandent de telles rencontres : « pour peu que les directeurs d'écoles s'investissent dans l'élaboration d'un cycle de conférences et daignent convoquer les acteurs qui avaient fait Novembre 1954, et ce, avant qu'ils ne tirent leur révérence » ont conclus les séniors Mohamed Damerdji et Youcef Zani. Nourreddine LOUHAL