Le leader de l'UDS estime que "le pouvoir en place ne peut constituer une solution à la crise multidimensionnelle que vit le pays", car il est lui-même "une partie" de cette crise. Le fondateur de l'Union démocratique et sociale (UDS), un parti toujours en attente d'agrément, Karim Tabbou, a déploré, depuis Chemini (wilaya de Béjaïa), où il a animé une conférence, dans la soirée de vendredi 1er juin, l'absence de débats au sein de la société algérienne, au sujet du prochain scrutin présidentiel qui, pourtant, engage l'avenir de tout un pays en crise. "À moins d'une année de la présidentielle, prévue pour le mois d'avril 2019, aucun débat public n'a pu être engagé sur ce rendez-vous électoral qui reste un événement politique historique", s'est-il indigné, avant d'ironiser en ces termes : "Les débats télévisés de l'heure sont réduits à trois personnages, à savoir Ali Bencheikh, l'ancien footballeur, le prédicateur cheikh Chamseddine et la députée controversée Naïma Salhi." Intervenant au Café littéraire de Chemini, le leader de l'UDS a estimé que "le pouvoir en place ne peut constituer une solution à la crise multidimensionnelle que vit le pays", car il est lui-même "une partie" de cette crise. S'agissant de l'alternative à ce pouvoir "machiavélique", l'ancien dirigeant du FFS ne croit pas à "la baguette magique". La solution à la crise actuelle ne réside pas, selon lui, dans l'empêchement ou le renoncement de Bouteflika au 5e mandat. "Je ne crois pas à un changement miracle qui interviendrait dans une année. Notre vision s'inscrit dans une démarche politique à long terme. On ne peut pas aspirer à un avenir meilleur, si on se contente d'un changement d'hommes ou de clans qui font partie du même système politique. Il faudrait plutôt penser à construire un véritable rapport de force qui pourra changer le cours de l'Histoire d'ici au moins cinq ans", a- t-il soutenu. Revenant à la classe politique qui, selon lui, ne tire jamais les enseignements des expériences vécues dans le passé, M. Tabbou martèlera : "Non à une opposition de salon qui se contente de pondre des communiqués à diffuser dans la presse nationale et les réseaux sociaux !" Interrogé par un citoyen qui voulait savoir si Karim Tabbou compte se porter candidat à la prochaine élection présidentielle d'avril 2019, le conférencier rétorquera que "la question ne se pose même pas ! Je pense qu'il faut d'abord changer les règles du jeu qui reste verrouillé par le pouvoir". Il estimera, à ce titre, que "la collecte de signatures exigée par la loi pour se présenter à l'élection présidentielle constitue un filtre utilisé par le pouvoir pour mieux maîtriser le jeu. Sans oublier toute l'administration qui se met au service des candidats du régime". Sur sa lancée, le premier responsable de l'UDS se désole de constater que "la classe politique algérienne, qui songe à changer le système, n'arrive même pas à changer de candidats face à ceux du régime !" Et d'ajouter : "Malheureusement, certains hommes politiques sont devenus les représentants du pouvoir au sein de la population. Ils ont réussi à inverser les rôles." Notons, enfin, que le conférencier a mis à profit cette tribune pour expliquer à l'assistance le contenu et l'objectif de la lettre qu'il a adressée, au mois de décembre dernier, au secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU). "La réalité de notre pays est que derrière l'apparence démocratique se cache un régime politique liberticide, fondé sur la violence, la corruption et le détournement du suffrage universel", a écrit M. Tabbou dans sa missive à Antonio Guterres. KAMAL OUHNIA