Le président de la Fifa, Gianni Infantino, est l'un des ardents défenseurs de l'intronisation de la technologie dans le football. Après une période expérimentale, l'assistance vidéo des arbitres a fait son entrée, pour la première fois, à l'occasion de la Coupe du monde de Russie 2018. Même si elle rectifie quelques injustices, il n'en demeure pas moins qu'elle ne résout pas tous les problèmes et n'arrange pas toutes les erreurs. Lors des matches de ce premier tour, les arbitres assistants par vidéo sont intervenus dans un plus d'une dizaine de cas, mais ils ont omis de venir en aide aux arbitres de champ dans certains autres, qui auraient pu être décisifs. Ce n'est pas pour autant que la contestation s'est estompée. Pis encore, la polémique a enflé, et certains sont même allés jusqu'à accuser les initiateurs de ce nouvel outil d'être à la solde des "grandes équipes" au détriment des "petites". Beaucoup d'inconvénients y ont été relevés. Le retard engendré dans la prise de décision dépossède le football de sa ferveur, des pertes de temps inutiles où la moyenne de l'extra-time dépasse les cinq minutes. Et ce n'est pas tout. Le côté émotionnel qu'offre ce sport a été "tué" puisque les joueurs et les supporters restent scotchés pendant de nombreuses secondes (une moyenne entre 40 et 60 secondes) avant d'exprimer leur sentiment (joie ou tristesse). S'il y a eu des exemples où la VAR avait rectifié le tir, il y a eu d'autres où elle était passive, là où on avait besoin de son aide. L'exemple de l'Iran est édifiant. Toute la nation avait connu des émotions extrêmes, de l'exultation à la tristesse, en l'espace de quelques minutes après le but inscrit par Ezatolahi face à l'Espagne. C'était cruel. Malgré la technologie, savoir si le joueur iranien était en position illicite à l'exécution du coup franc n'a pas été résolu. Le Maroc a connu le pic de l'injustice de la VAR. L'arbitre de champ, Mark Geiger, semblait en déconnexion avec ses assistants vidéo. Plusieurs faits de jeu n'ont pas été signalés, qui auraient pu basculer la hiérarchie dans le groupe B. Les longs moments d'attente font sortir les joueurs de leur concentration, et l'Islandais Sigurdsson en sait quelque chose, lui qui avait attendu d'interminables minutes avant de rater lamentablement son penalty. Les erreurs ne sont pas écartées malgré la VAR, à l'image du penalty accordé aux Australiens suite à une faute peu évidente du Danois Yussuf Poulsen. Le seul point positif de la VAR n'arrange certainement pas les affaires de Neymar, habitué à "tromper" les arbitres. D'ailleurs, lors du match Brésil-Costa Rica il était à deux doigts de le faire, mais l'arbitre s'est vite rétracté après avoir vérifié les images et d'annuler le penalty accordé injustement à Neymar. Mardi dans la soirée, une décision aurait pu changer beaucoup de choses dans le groupe D, suite à l'énorme confusion dans la surface argentine. L'arbitre a demandé l'aide de la VAR après une main de Rojo dans la surface de réparation, et après visionnage, il a estimé qu'il n'y a pas eu faute. Une décision loin de faire l'unanimité puisque des fautes moins évidentes ont été sanctionnées. Le Nigeria venait de perdre sa qualification sur une erreur de la technologie. Avec les lacunes de l'assistance vidéo des arbitres, il serait préférable de s'en remettre à l'être humain dans les matches de football car la technologie n'apporte rien de nouveau. M. A.