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"Le vrai risque pour les banques, ce sont les conséquences de la politique de financement non conventionnel"
Alexandre Kateb, économiste, spécialiste en stratégie
Publié dans Liberté le 05 - 07 - 2018

Liberté : Le gouverneur de la Banque d'Algérie vient de lever un bout du voile sur la valeur des liquidités injectées dans les banques depuis 2016. Selon ces chiffres, les banques ont été renflouées à hauteur de 590 milliards de dinars par le moyen du réescompte, 596 milliards de dinars par le recours à l'Open Market et 545 milliards de dinars ont été rachetés par le Trésor en bons, afin de sauver la Banque nationale d'Algérie de sa faillite. Quelle lecture pouvez-vous en faire ?
Alexandre Kateb : La Banque d'Algérie est dans son rôle quand elle procède au refinancement des banques. Il ne s'agit pas d'un sauvetage mais d'un apport de liquidités qui a permis à ces banques de passer le "trou d'air" de baisse de la liquidité bancaire intervenue en 2015-2016 à la suite de la chute du prix du pétrole en juin 2014. Le fait de créer une pénurie structurelle de liquidités au sein du système bancaire et d'obliger les banques à recourir au refinancement auprès de la BA, à travers les instruments évoqués (réescompte, Open Market) est une mesure préconisée depuis des années par le FMI et d'autres organismes. C'est positif car c'est une manière de redonner de l'efficacité à la politique monétaire, à travers le canal des taux d'intérêt. Quant au "sauvetage" supposé de la BNA, évoqué par le Premier ministre dans l'une de ses interventions, il s'agit en réalité d'une opération de reprise par le Trésor d'un crédit important qui avait été accordé par la BNA à Sonelgaz, si mes informations sont bonnes. Sonelgaz est dans une situation financière difficile. Ce n'est un secret pour personne. La cause principale, ce sont les prix du gaz et de l'électricité qui ne couvrent pas les coûts de production. Il faut revoir tout le système, mais la BNA, quant à elle, n'a pas de responsabilité directe dans cette situation. Elle a fait des efforts considérables de modernisation au cours des dernières années. Il était donc logique que l'Etat prenne ses responsabilités pour ne pas la plomber, concernant une situation qu'il a lui-même créée.
Le recours, tantôt au marché interbancaire et au refinancement de la Banque d'Algérie, tantôt à la planche à billets pour faire face aux besoins quotidiens en liquidités a permis, selon le responsable de la Banque centrale, le passage d'une situation de sous-liquidités à une situation de surliquidités. Peut-on dire que les banques sont désormais tirées d'affaire, ou bien faut-il craindre un effet retour de manivelle ?
Le retour à une situation de surliquidités bancaire est en effet une conséquence de la mise en œuvre du financement non conventionnel depuis l'automne 2017. C'est la situation qui prévalait avant la chute du prix du pétrole. La Banque d'Algérie gère cette situation en absorbant le trop-plein de liquidités contenu dans le système, à travers des dépôts rémunérés que les banques sont invitées à effectuer auprès d'eux. Le système pourrait être modernisé, bien sûr, comme le préconise le FMI, à travers l'émission de bons négociables par la BA, qui pourraient être utilisés par les banques pour accroître la liquidité du marché interbancaire. La surliquidité bancaire n'est pas une situation optimale du point de vue politique monétaire, car elle réduit l'efficacité de cette dernière. Toutefois, ce n'est pas le véritable problème. Le vrai risque pour les banques, ce sont les conséquences de la politique de financement non conventionnel, c'est-à-dire de la planche à billets. Cette politique donne de l'oxygène à l'Etat et aux opérateurs économiques à court terme, mais elle risque de dérégler tout le système à moyen terme si une stratégie de sortie n'est pas mise en œuvre. C'est un retour aux vieilles antiennes de l'économie administrée des années 1970-1980 qui, à l'époque, avait conduit l'Algérie tout droit à la banqueroute. C'est une politique qui exonère les responsables de leurs responsabilités, en leur donnant l'illusion qu'il n'y a aucune contrainte budgétaire ou financière. Mais cette myopie financière finit par être payée cash. Cela entretient un système auto-reférentiel qui fonctionne en boucle fermée. Le courage, c'est de dire qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses et de mettre en œuvre les réformes nécessaires, pas de fermer les yeux et de pousser jusqu'à ses limites — et au-delà —un système à bout de souffle.

Pour mieux gérer les banques publiques, dont certaines étaient au bord d'une faillite technique ces deux dernières années, certains recommandent de les fusionner en cinq grandes banques. Qu'en pensez-vous ?
Fusionner les banques ne changera rien. Bien au contraire, cela renforcera encore plus une situation d'oligopole, et en réalité de monopole même, au sein du système bancaire. Car l'Etat contrôle directement près de 90% de l'activité bancaire et intervient pour orienter les crédits bancaires vers les entreprises publiques.
Ces dernières continuent d'absorber la moitié des crédits bancaires. Le crédit au secteur privé représente à peine 30% du PIB, soit deux ou trois fois moins que dans des pays comparables. C'est une contre-performance terrible, quand on pense aux liquidités massives générées par la rente pétrolière au cours des quinze dernières années. Il aurait fallu, en réalité, privatiser une partie des banques publiques et ouvrir davantage le champs de la concurrence, en faisant aussi plus confiance aux marchés financiers. C'est ce qui était envisagé dès les années 1990 et au début des années 2000. L'affaire Khalifa et la crise financière de 2008 sont souvent avancées pour expliquer le blocage apparu par la suite. Mais en réalité, il y a des résistances farouches à toute évolution réelle vers un modèle économique qui ne serait pas basé sur un recyclage de la rente pétrolière, à travers la dépense publique.
Car une telle évolution, je dirais même une telle révolution, implique de changer complètement la focale et de changer le mode de gouvernance publique.
C'est un véritable choix politique. Cela ne fera pas que des heureux puisque la rente pétrolière abreuve des circuits très bien organisés, des forces qui ont tout intérêt à ce que le statu quo perdure. Les grands perdants ce sont les entrepreneurs, les jeunes, tous ceux qui aspirent à se hisser par leur travail et leur talent, et qui pensent que ce système rentier n'a que trop duré.
Propos recueillis par : A. Titouche


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