"L'habitat et les travaux publics sont des secteurs de prédilection du leasing", précise Kamal Khoufache, directeur général de l'établissement. La Société nationale de leasing (SNL) ambitionne d'augmenter son volume d'activité et de gagner des parts de marché de la branche leasing en Algérie. C'est du moins ce que nous a indiqué, hier, Kamal Khoufache, fraîchement installé à la tête de cet établissement financier, qui nous a reçus au siège de la société à Zéralda (Alger). Entouré de jeunes cadres dynamiques, le nouveau directeur général de la SNL affiche une certaine confiance et de l'espoir quant au développement du leasing, comme mode de financement complémentaire au financement bancaire. Dans son deuxième plan de développement 2019-2021, "la SNL ambitionne de capter une part de marché de 3 à 5% de la demande globale", prévoit Kamal Khoufache. Pour atteindre cet objectif, le DG de la SNL a évoqué le recours à d'autres sources de financement, à partir de 2020, à travers une éventuelle augmentation du capital social par les actionnaires que sont la Banque de développement local (BDL) et la Banque nationale d'Algérie (BNA) ou le lancement d'un deuxième emprunt obligataire après celui levé en 2015. Le leasing représente environ 1% du financement global de l'économie en Algérie. "C'est très faible", reconnaît le directeur général de la SNL, estimant le potentiel entre 20 et 25%. Kamal Khoufache explique ce faible taux de pénétration du leasing par "la jeunesse du produit". Il a été introduit en Algérie, dans les années 1990, à travers la loi relative à la monnaie et au crédit. Le cadre juridique régissant cette activité n'a été mis en place qu'en 1996 par l'ordonnance 96/09 du 10 janvier 1996. Plusieurs mesures fiscales en faveur du financement par crédit-bail ont été introduites dans les différentes lois de finances. Le faible taux de pénétration du leasing incombe aussi au manque de vulgarisation de ce mode de financement. L'économie algérienne s'articule sur un modèle de financement de type bancaire. Pourtant le leasing, de par sa souplesse et sa flexibilité, est un mode de financement très approprié pour le développement des entreprises. Le crédit-bail ou leasing est une opération de financement à moyen et long terme, consistant, pour un établissement financier (crédit-bailleur), à acheter des biens mobiliers et/ou immobiliers dont une entreprise a besoin (crédit-preneur) en vue de les donner en location à ce dernier pour une durée déterminée, en contrepartie du paiement de loyers avec la possibilité pour le crédit-preneur de lever l'option d'achat en fin de contrat moyennant le paiement d'une valeur résiduelle. Kamal Khoufache a estimé que la crise financière qui a frappé l'Algérie a impacté négativement le marché du leasing. Le DG de la SNL évoque, dans ce cadre, les restrictions à l'importation, les difficultés du secteur du bâtiment, le gel de certains projets des travaux publics. "L'habitat et les travaux publics sont des secteurs de prédilection du leasing", précise Kamal Khoufache. "Les années 2016 et 2017 sont les années les plus mauvaises pour le leasing", a-t-il relevé. Pour autant, la SNL, grâce à la compétence de ses jeunes cadres, a pu s'adapter à la crise en réorientant la stratégie de l'établissement vers l'industrie, le médicament et le tourisme. La SNL a démarré en 2011 avec 54 dossiers. Elle a atteint, en 2014, 147 dossiers. Le nombre de dossiers est tombé à 72 en 2017. La marge de leasing reste importante, malgré la baisse des autorisations. Elle est passée de 11 millions en 2011 à 687 millions de dinars en 2017. La SNL compte lancer le leaseback et développer le leasing immobilier, qui n'est pas très pratiqué en Algérie. Kamal Khoufache évoque certaines contraintes au développement de ce type de financement. Le DG de la SNL évoque, entre autres, le problème d'exonération de la TVA lors de la cession par anticipation, avant la fin du contrat au profit du crédit-preneur. "Les APC refusent d'établir au profit des crédits-preneurs une nouvelle carte d'immatriculation avec la motion incessible, bien qu'il bénéficie d'avantages Andi", souligne-t-il. M. Khoufache cite aussi les difficultés liées à la récupération du matériel loué en cas d'incident de paiement, ainsi que des contraintes en matière de l'application de la réglementation prudentielle par la Banque d'Algérie. Meziane Rabhi