Le président turc avait estimé dimanche que la chute de la livre turque résultait d'un "complot politique" contre son pays. Dans un contexte de tensions diplomatiques avec les Etats-Unis, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé hier lundi une série de mesures pour faire face aux sanctions américaines, décidées par Donald Trump. C'est dans un discours lors de la 10e conférence des ambassadeurs à Ankara que le président turc a expliqué la réponse de son pays à la pression commerciale, afin de stabiliser la livre, la monnaie locale. Il a ainsi déclaré que son pays n'allait pas perdre cette "guerre", en promettant d'adopter un plan d'action. Se voulant rassurant, il s'est félicité de la robustesse de l'économie turque, assurant que "les dynamiques économiques de la Turquie sont solides et continueront de l'être", a rapporté l'agence de presse officielle turque, Anadolu. La Banque centrale de Turquie a par ailleurs indiqué qu'elle fournirait toutes les liquidités dont les banques auraient besoin, ajoutant "qu'elle prendrait toutes les mesures nécessaires pour assurer la stabilité financière". Pour lutter contre cette crise, Erdogan a appelé les citoyens turcs, en fin de semaine dernière, "à échanger les euros, les dollars et l'or que vous gardez sous vos oreillers en livres en vous rendant dans nos banques". Cette décision a d'ailleurs été saluée par la Russie qui déclare être favorable à la décision turque d'utiliser des devises nationales pour ses échanges commerciaux. "Le Président Poutine a maintes fois parlé de cette possibilité et, en outre, de cette opportunité. Bien sûr, cela fait l'objet d'une étude scrupuleuse, de calculs scrupuleux, mais c'est ce à quoi nous aspirons dans nos relations commerciales et économiques bilatérales", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il est à rappeler que le cours de la livre turque a chuté ce vendredi de 18% suite à l'annonce par Donald Trump du doublement des taxes sur l'aluminium et l'acier en provenance de Turquie. Elles atteindront respectivement 20% et 50%. Cette chute de la livre turque a également provoqué une baisse du prix de l'or hier matin à son niveau le plus bas depuis les dix-sept derniers mois, informe l'agence Reuters. De son côté, la société de courtage en ligne française Bourse Direct a indiqué hier sur son site que "l'aversion au risque domine, sur fond de crise économique turque et de guerre commerciale. Néanmoins, la cote américaine semble vouloir offrir une belle résistance ce jour". Le président turc Recep Tayyip Erdogan accuse les Etats-Unis de vouloir frapper son pays "dans le dos". C'est dans le même discours prononcé hier qu'il a dénoncé "que cette attitude hostile, dans tous les domaines, vis-à-vis d'un pays allié de l'OTAN, ayant payé de forts tributs, n'a aucune raison logique", a encore rapporté Anadolu. Le Président turc avait estimé dimanche que la chute de la livre turque résultait d'un "complot politique" contre son pays, des propos soutenus par d'autres déclarations imputant la responsabilité aux Etats-Unis. À l'origine de la crise, selon Erdogan, l'arrestation par Ankara d'un pasteur américain, Andrew Brunson, que les autorités turques accusent d'"espionnage" et de "terrorisme''. Imène AMOKRANE