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Turquie : Jusqu'où s'enfoncera la livre ?
Publié dans Le Maghreb le 13 - 08 - 2018

Trois, puis quatre, puis cinq et maintenant six: les Turcs observent depuis plusieurs années l'inexorable dépréciation de leur monnaie face au dollar avec un mélange de perplexité, d'effroi et de fatalisme.

Après être longtemps restée sous la barre des deux pour un dollar, la livre turque (TRY) a franchi ce palier en 2014, avant de passer à trois contre un billet vert dans la foulée du putsch manqué en 2016.
Mais l'hémorragie s'est aggravée cette année : après avoir dépassé quatre pour un dollar, la livre turque a fondu comme neige au soleil au cours des 10 derniers jours. Vendredi, la TRY a franchi le seuil psychologique de six contre un billet vert. La crise a atteint son apogée ces dernières semaines en raison d'une grave crise diplomatique avec les Etats-Unis qui a éclaté début août et de la défiance de plus en plus marquée des marchés envers la conduite des affaires économiques par Ankara. Certains économistes estiment que le président Recep Tayyip Erdogan pourrait être tenté de louvoyer en espérant une amélioration des facteurs externes. Mais la chute de la livre est porteuse de risques considérables pour l'économie, en particulier pour le secteur bancaire.

"Confiance perdue"
En suivant une course effrénée vers toujours plus de croissance et en soutenant des thèses économiques peu orthodoxes -- comme baisser les taux d'intérêt pour baisser l'inflation --, M. Erdogan donne des sueurs froides aux marchés. La banque centrale, censée être indépendante mais en réalité soumise aux pressions du pouvoir, rechigne à relever ses taux, délaissant ainsi un outil traditionnellement utilisé à travers le monde pour soutenir la monnaie et réguler l'inflation. Sa décision de ne pas toucher aux taux en juillet alors que l'inflation s'est élevée à près de 16% en glissement annuel a atterré les marchés.
Cette décision est due à la "mainmise" de M. Erdogan sur la banque centrale et au fait que "des taux d'intérêt plus élevés ne collent pas avec la stratégie de croissance de la Turquie", souligne Nora Neuteboom, de la banque néerlandaise ABN AMRO.
Après sa victoire aux élections du 24 juin, M. Erdogan a en outre nommé son gendre Berat Albayrak à la tête d'un super-ministère des Finances, écartant certains responsables appréciés des marchés.
"Les marchés ont perdu confiance dans la capacité d'agir en cas de nécessité du triumvirat formé par le président Erdogan, son gendre et ministre des Finances et la banque centrale", souligne Charles Robertson, analyste à Renaissance Capital.
Selon Capital Economics, le plongeon de la livre turque risque d'accroître la pression sur le secteur bancaire en Turquie en raison de l'étendue du boom des crédits et du fait qu'un tiers des prêts bancaires sont libellés en devises étrangères.

FMI à la rescousse ?
Pendant que la livre turque s'effondrait vendredi, le gouvernement est resté droit dans ses bottes, multipliant les déclarations de défi qui n'ont pas rassuré les marchés.
La déroute de la monnaie nationale a également été spectaculairement absente des Unes des journaux, poussant les économistes critiques à se tourner vers les réseaux sociaux pour commenter.
"Les médias progouvernementaux détournent l'attention en diffusant des films et des séries", dénonce Mustafa, interrogé devant un bureau de change près du Grand Bazar à Istanbul.
La valeur de la livre turque face aux devises étrangères n'est pas le principal sujet de préoccupation de la base électorale de M. Erdogan, sevrée à la rhétorique du gouvernement qui met les problèmes économiques sur le compte d'acteurs hostiles.
"Je suis certain que le gouvernement trouvera une solution et parviendra à inverser la situation", déclare Sabahattin, un partisan de M. Erdogan rencontré à Istanbul.
Si l'effondrement de la livre se poursuit et menace de déboucher sur une crise économique, le gouvernement turc dispose encore de leviers pour faire face.
Il pourrait ainsi prendre des mesures de contrôle des capitaux ou encore faire appel au FMI, même si cette dernière mesure serait difficile à avaler pour M. Erdogan qui s'enorgueillit d'avoir réglé les dettes de la Turquie.
M. Erdogan pourrait en revanche fermer les yeux sur une hausse en urgence des taux de la banque centrale, une mesure déjà prise en mai.
"Si la situation continue de se détériorer (...) il finira par céder", estime Mme Neuteboom.

Erdogan jure de braver les "menaces"
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est juré samedi de répondre aux "menaces" des Etats-Unis visant à faire libérer un pasteur américain, ne montrant aucune volonté d'apaisement dans son bras de fer avec Washington, qui a accentué la chute de la devise nationale.
Déclarations chocs, sanctions, menaces de représailles, puis doublement des tarifs douaniers américains sur l'acier et l'aluminium turc : le ping-pong Ankara-Washington est allé crescendo ces derniers jours, emportant avec lui la livre turque qui a dévissé vendredi de 16% face au billet vert.
Au cœur de cette bataille : le sort du pasteur américain Andrew Brunson, actuellement jugé en Turquie pour "terrorisme" et "espionnage", placé fin juillet en résidence surveillée après un an et demi de détention.
Les Etats-Unis demandent sa libération immédiate, alors que la Turquie plaide pour l'extradition de Fethullah Gülen, prédicateur turc établi depuis près de 20 ans sur le sol américain et soupçonné par Ankara d'être l'architecte du putsch manqué de juillet 2016.
"Il est mauvais d'oser mettre la Turquie à genoux avec des menaces concernant un pasteur", a lancé samedi M. Erdogan, lors d'un rassemblement à Unye, sur les rives de la Mer noire. "Honte à vous, honte à vous. Vous échangez votre partenaire stratégique de l'Otan pour un prêtre".
La Turquie et les Etats-Unis sont partenaires dans le cadre de l'Otan et les Etats-Unis disposent d'une importante base à Incirlik, dans le sud du pays, actuellement utilisée comme centre des opérations contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI).
"Notre partenariat pourrait être en danger", a averti samedi le président turc dans les colonnes du New York Times, agitant la menace de "chercher de nouveaux amis et de nouveaux alliés" au lendemain de la chute brusque de la devise nationale causée par la décision du président Trump, annoncée dans un tweet, de doublement des tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium turcs.

Dollar versus Allah
"S'ils ont le dollar, nous avons Allah", a dit M. Erdogan, appelant les Turcs à ne pas s'affoler et surtout à convertir leurs réserves cachées en or ou en devises étrangères en livres turques afin de soutenir la monnaie nationale.
Lors d'un discours à Rize, sur la mer Noire, il s'en est aussi pris aux taux d'intérêt, "un instrument d'exploitation qui rend les pauvres plus pauvres et les riches plus riches". La banque centrale turque a résisté ces dernières semaines aux pressions en faveur d'une hausse des taux d'intérêt pour faire face à une forte inflation et à la baisse de la monnaie nationale.
Le président turc a assuré qu'il se conformerait à la loi au sujet du pasteur Brunson : "Nous n'avons pas fait jusqu'ici de concessions en matière de justice et nous n'en ferons jamais".
Dans son tweet annonçant l'augmentation des tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium turcs, Donald Trump avait d'ailleurs reconnu : "Nos relations avec la Turquie ne sont pas bonnes en ce moment".
L'Iran, qui a aussi connu cette année une chute vertigineuse de sa monnaie, en raison du rétablissement de sanctions des Etats-Unis qui se sont retirés de l'accord sur le nucléaire iranien, a pris samedi fait et cause samedi pour Ankara face à Washington.
"La jubilation éprouvée (par le président Donald Trump) en imposant des difficultés économiques à la Turquie, son allié de l'OTAN, est honteuse", a écrit le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, sur Twitter.
"Les Etats-Unis doivent apprendre à maîtriser leur addiction aux sanctions et à l'intimidation ou le monde entier se réunira et, au-delà des condamnations verbales, les y forcera", a souligné M. Zarif, en disant vouloir "soutenir" son voisin turc.


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