Le black-out imposé par les autorités locales sur la propagation d'une maladie mystérieuse survenue au niveau des différentes structures sanitaires de la wilaya de Tamanrasset, particulièrement à l'EPH où une forte mobilisation médicale a été remarquée, a laissé libre cours aux spéculations. L'absence d'une communication officielle a ainsi favorisé la circulation de folles rumeurs, laissant l'imaginaire des habitants de l'Ahaggar construire le pire des scénarios et des images qui renvoient les conséquences ravageuses des maladies moyenâgeuses. Ce qui a suscité de vives inquiétudes chez la population locale, notamment chez les patients nomades qui sont touchés par une épidémie dont les causes et l'origine sont toujours méconnues. L'article publié par Liberté dans sa livraison d'hier, samedi, a toutefois donné la première alerte et permis de sonner le tocsin face à une pathologie qui, faut-il le souligner, a fait environ 150 victimes en seulement quelques jours. Le chiffre a été avancé par le chef de service des maladies infectieuses de l'EPH, le Dr Elias Akhamouk, qui tient à préciser, d'emblée, que l'épidémie touche en moyenne 10 enfants par jour. "Vu la nécessité de leur hospitalisation, la direction de l'hôpital a réquisitionné l'ancienne unité de gynécologie obstétrique pour l'isolement entérique ainsi que pour une meilleure prise en charge des patients. Environ 150 enfants présentant les mêmes symptômes ont été reçus. En tout, plus de 60 cas ont été hospitalisés, dont 14 sont toujours isolés et alités au même service", a indiqué le Dr Akhamouk en évitant de parler d'une "maladie mystérieuse", mais plutôt d'une gastroentérite probablement d'origine virale qui survient chaque année. Le spécialiste en infectiologie, également président du conseil médical de l'EPH, a fait savoir que le séjour des enfants hospitalisés dure jusqu'à 3 jours. "Beaucoup d'entre eux ont quitté l'hôpital qui n'a, fort heureusement, déploré aucun décès", a-t-il renchéri. Selon le même responsable, les patients habitent des quartiers différents. Les résultats des analyses préliminaires effectuées par les laborantins de l'EPH n'évoquent aucune notion d'eau ni d'aliments suspects. Ce qui laisse croire à une étiologie virale, compte tenu de la symptomatologie, l'âge et l'évolution spontanée vers la guérison des malades reçus. Comme toute gastroentérite, le malade est atteint d'une diarrhée aqueuse avec parfois des douleurs abdominales et des vomissements. Chez les enfants et les personnes âgées, on craint des déshydratations. D'où l'impérative nécessité de leur hospitalisation pour quelques jours. Cependant et pour plus de précaution, "on doit attendre la confirmation de l'Institut Pasteur", nous dit le chef de service d'infectiologie. Quant aux raisons du mutisme observé par la direction concernée, notre interlocuteur répond : "Il n'y a pas lieu de créer la panique et engendrer ainsi une pression inutile sur les d'urgences, puisque la situation est totalement maîtrisée. On ne veut surtout pas verser dans une polémique stérile qui pourrait perturber la prise en charge des patients." Toutefois, le manque de moyens médicaux a trahi la volonté de notre interlocuteur, visiblement excédé par la surcharge du travail. En attendant le dégel du projet relatif à la réalisation du nouvel hôpital de 240 lits, dont la première pierre a, rappelons-le, été posée par l'ex-chef de gouvernement Abdelmalek Sellal, l'EPH de Tamanrasset consolide l'échec des réformes entreprises par les prédécesseurs de Mokhtar Hasbellaoui et continue de donner l'exemple parfait d'une santé malade. "C'est un EPH qui date de plus de trente ans. On essaye de gérer les situations avec les moyens disponibles. Mais un renforcement en moyens matériels et surtout humains est plus qu'impératif", a conclu le Dr Akhamouk en insistant sur l'amélioration des performances médicales et la création du climat favorable à la prise en charge des médecins spécialistes afin de mieux contrer les épidémies dans cette collectivité considérée comme porte du Sahel. RABAH KARECHE