L'écran de la Cinémathèque d'Alger s'est illuminé du flambeau de la liberté et de la flamme de l'Eternel Novembre qui a permis de lever le voile de l'anonymat sur une pléiade d'acteurs et de figurants méconnue au générique du film La bataille d'Alger (1966) de Gillo Pontecorvo (1919-2006). Laissé plus d'un demi-siècle à l'ombre du jingle d'Ennio Morricone, ces "anonymes" se sont époussetés du placard de l'oubli, eu égard au "deuxième souffle" que leur a insufflé le journaliste-cinéaste Salim Aggar lors de la Journée du film révolutionnaire qui s'est tenue au Musée du cinéma d'Ahmed Houcine à la veille de l'Eternel Novembre. Attrayant jusqu'à l'ultime séquence du film, le public, pour la plupart des gens du 7e art, est allé à la rencontre de ces "anonymes" qui ont eu à en découdre avec l'ennemi aux côtés du regretté Brahim Hadjadj ou Haggiag (1934-1996) qui fut découvert sur les champs de la verte Mitidja (Larbaâ) pour incarner l'itinéraire héroïque d'Ammar-Ali dit Ali-la-Pointe (1930-1957). Autant dire qu'ils ont honoré leurs aînés, bien qu'ils avaient en face d'eux ce géant de Larbi Zekkal (1934-2010) qui interpréta le rôle de Debbih Chérif dit Si Mourad lorsqu'il fut assiégé en ce 26 août 1957 au 4, impasse Saint-Vincent de Paul, l'actuelle Mokrane-Zouaoui aux côtés de Hadji Othmane dit "Ramel", Nouredine Benhafid et de Zahia Hamitouche (20 ans) dans la Basse-Casbah. Autre résurgence à l'écran, celle de Nourredine Brahimi, qui avait l'es-qualité de fonction de directeur de la production et celle du "Cadi" qui lia aux liens sacrés du mariage, l'âaroussa, la dame Fatiha Djoudi à "l'anonyme" qui incarna le rôle de Mahmoud Bouhamidi (1939-1957). Autant dire que le cénacle de ces anonymes s'est ensoleillé à l'astre de la reconnaissance, notamment pour le "Ya Ouled" qu'était Rabah Aziz, ce natif de la houma de Sidi-Ramdane dans la Haute-Casbah et si célèbre pour sa répartie "Cheikh djebnaha" (Vieux, on l'a eu l'indépendance). Seulement, le temps a passé et ce "vendeur de journaux" cohabite toujours dans l'exiguïté avec ses parents et ses trois frères mariés. Et, à propos de la ribambelle de "Ya Ouled", il y a eu l'irruption de l'espiègle fillette Abidat Fatma qui hurlait "Ya kilou" (Ô soûlard!) à l'adresse de feu Ayad Ahmed alias Rouiched (1921-1999) qui interpréta avec brio un rôle d'ivrogne, donc au-dessus de tous. S'il est vrai qu'ils n'ont pas connu la notoriété des pages people, en revanche, la standing ovation du public symbolise toute la reconnaissance envers cette brave mamie, en l'occurrence Faïza Menaceri qui interpréta le rôle de Hassiba Ben Bouali (1938-1957). Et, en ce qui a trait à l'histoire s'est révélé également l'aspect désintéressé de ces anonymes qui émargeaient plutôt au chapitre du patriotisme que de l'argent. Sinon qu'à l'école de La bataille d'Alger, ces apprentis-acteurs n'avaient d'autre siège-refuge que la prison de Barberousse (Serkadji) à Bab-Edjedid, où les "hauts murs" ne demandent qu'à raconter le flot d'anecdotes qui entoure la grande aventure de La bataille d'Alger. Pour une première, c'en est une et l'initiative de Salim Aggar est ce déclic pour qu'il y ait enfin de la reconnaissance à celles et à ceux qui ont fait le cinéma algérien. Nourreddine Louhal