Le niveau des scolarisés est faible en mathématiques, en sciences et en compréhension de l'écrit, selon la ministre de l'Education nationale. Elle a subtilement taclé les islamistes qui inhibent ses réformes. Hier, à l'APN, dans le cadre d'une journée parlementaire sur la réforme de l'école algérienne, les conférenciers ont exposé une vision théorique de ce que devrait être l'enseignement dans les trois paliers de l'éducation nationale et la manière idéale de produire des adultes dotés de compétences en les habilitant à s'insérer parfaitement dans le monde du travail. Dans sa présentation, l'inspecteur général de la pédagogie, M. Nejadi, a affirmé que 14% des élèves inscrits dans des établissements primaires ont de sérieuses difficultés dans l'apprentissage. Le taux grimpe à 26% au collège pour retomber aux alentours de 15% au lycée. Des enseignants et des pédagogues, intervenus dans le débat général, ont aussi mis en relief la surcharge des programmes, des classes et… des cartables. Trop de notions sont inculquées à l'enfant sans lui donner le temps de vraiment les assimiler. Aux heures passées à l'école se greffent celles réservées aux cours de soutien, aux révisions et aux devoirs de maison. Saturés, les élèves, dans leur majorité, n'acquièrent pas les connaissances ou ne les retiennent pas. Cette réalité n'est guère occultée par la ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghabrit. Devant les députés et des cadres de son secteur, elle a reconnu que le niveau des élèves scolarisés, aussi bien au primaire, qu'au moyen et au secondaire, est faible en mathématiques, en culture scientifique et en compréhension de l'écrit. "Nous avons le courage de le dire, comme nous avons la force de faire un travail en profondeur afin de proposer des alternatives pédagogiques et inverser la tendance", a-t-elle asséné. Les différentes évaluations réalisées par le département de l'Education nationale ont montré que les petits Algériens ont une maîtrise insuffisante pour affronter les défis du troisième millénaire (programme des Nations unies auquel l'Algérie a souscrit). En clair, ils n'ont pas les prérequis des compétences cognitives (pensée critique, créativité, communication…), compétences littéraires et compétences liées à la vie quotidienne (flexibilité, initiative, sociabilité, productivité et leadership). Elle a relevé que les élèves algériens ne sont pas bien classés au niveau mondial, car "le système éducatif n'a pas bénéficié des meilleures conditions pour avancer aussi vite que les autres systèmes à travers le monde". Elle a imputé les causes des retards aux années du terrorisme, puis aux grèves cycliques enclenchées par le personnel de l'éducation nationale. "Pensez-vous, honnêtement, que nos élèves auraient pu faire mieux dans de telles conditions ? (…) Nous sommes tous responsables", a- t-elle condamné. Elle a aussitôt extirpé son discours du pessimisme, pour le mettre sur la voie des réformes. "L'échec scolaire n'est pas une fatalité. Tous les enfants sont capables de réussir, pour peu que l'institution, avec son encadrement, leur donne les moyens de le faire", a estimé la ministre de tutelle. Elle a relevé qu'indépendamment des positions politiques et idéologiques, il convient de s'entendre sur un objectif : aller vers une école de qualité. Elle a, ainsi, taclé subtilement les islamistes, les principaux détracteurs de ses réformes. "L'école est, sans aucun doute, le socle commun du consensus", a-t-elle poursuivi insistante. Parmi les réformes engagées par le MEN : l'accent mis sur l'enseignement primaire, la professionnalisation de l'encadrement et la révision du mode d'examination au terme du secondaire. La réforme du bac est fondée sur le contrôle continu sur deux ans (2e et 3e AS) des matières secondaires selon la filière, et épreuves du bac uniquement pour les matières essentielles, en sus de celles orientées sur l'identité nationale comme les sciences islamiques et l'histoire. Elle sera effective à partir de la prochaine rentrée scolaire. Souhila Hammadi