Le village de Taddart Oufella à Aït Oumalou (Tizi Ouzou) a vécu au rythme des festivités du 3e Montagn'art (21 et 22 décembre), où villageois, auteurs, poètes et amoureux de la nature se sont donné rendez-vous pour clore l'évènement qui aura réuni les arts, l'écologie et l'histoire. Samedi dernier en milieu de journée, la randonnée pédestre à laquelle se sont joints une trentaine d'individus, entre villageois, des randonneurs venus d'autres wilayas et même des enfants, acquiert des accents historiques. Loin d'être un hasard, "ces chemins qui montent", pour reprendre l'expression de Mouloud Feraoun, sont imprégnés d'un glorieux passé, qui se laisse découvrir ou redécouvrir dans une atmosphère intimiste, que le soleil réchauffait par ses doux rayons. Vert, rouge et blanc est le piédestal sur lequel triomphe, fusil sous le bras, l'index de la main droite indiquant un lieu non loin d'ici, un combattant lors de la guerre de libération. "Taddart Oufella, gloire à nos martyrs" est inscrite au sommet de cette stèle qui fait la fierté de tout le village, et pour cause, vingt et un martyrs de Taddert-Oufella et des villages voisins tomberont au champ d'honneur, "90% de ces martyrs sont de notre village, les Yataghène, Lokmane, Slimani, Guebraoui… D'autres sont d'Aït Zellal et d'autres villages mitoyens", nous apprend un habitant du village, Allache Omar, qui retraçait avec une grande délectation l'histoire et les secrets du village aux randonneurs. Construite en 2014 par l'APC d'Aït Oumalou et le comité du village, la stèle a été réalisée par un artiste de l'Ecole des beaux-arts de Azazga, à la place Thissirth. Les femmes n'étaient pas en reste lors de cette marche revigorante, qui offrait aux participants une vue imprenable sur le massif du Djurdjura, malheureusement dénudé de sa somptueuse couche d'un blanc immaculé, compte tenu du retard pluviométrique. L'orphelinat de Taddart Oufella, fondé vers 1882, et dans lequel séjourna la femme de lettres originaire de Tizi Hibel, Fadhma Aït Mansour Amrouche, fut en effet l'autre halte marquante de la journée, à travers laquelle les vestiges et l'histoire du village furent ravivés. L'histoire personnelle de la mère de Marguerite-Taos et Jean El-Mouhoub Amrouche d'abord passera dix années dans cet orphelinat qui lui offrira une éducation laïque mais, surtout, une soif d'écriture. Témoignage du riche passé du village ensuite, qui voit cependant son patrimoine périr, pour être remplacé par de nouvelles habitations, en ce lieu qui tente pourtant de protéger son authenticité. Les enfants pour leur part ont eux aussi mis "la main à la pâte", en ramassant les détritus au cours de cette randonnée, une manière de sensibiliser les futures générations à l'écologie, qui est, rappelons-le, l'un des thèmes principaux de ce festival qui met en œuvre des initiatives citoyennes pour la protection de l'environnement. Outre le caractère historique et écologique de cette randonnée, la poésie, la musique et la littérature ont abreuvé les présents des plus belles déclamations, chants et mélodies. Les chanteurs Idir Bellali, Karim Abranis ou encore Melissa Sikhi ont gratifié les présents de leurs plus belles voix, tandis que Ouarda Baâziz-Cherifi, Amirouche Malek, Faïza Acitani ont déclamé leurs plus beaux poèmes. En exclusivité par ailleurs, Belaïd Tagrawla chantera en exclusivité les morceaux de son album, dans une ambiance festive et bon enfant. Y. A.