Selon ces universitaires, afin d'éviter le recours aux emprunts ou aux néologismes, il faut impliquer les locuteurs des quatorze variantes de tamazight tout en s'appuyant sur le travail accompli par les précurseurs de la recherche sur la langue. Traduire de et vers tamazight n'est pas chose aisée. C'est ce que des experts ont relevé hier, lors d'une conférence sur le thème, animée en marge de la résidence de traduction qu'organise le Haut-Commissariat à l'amazighité à Adrar depuis une semaine. Nabil Mehdioui, enseignant à l'université de Béjaïa ; Mokrane Chikhi, également enseignant à la même université, et Farid Rabia, enseignant et chercheur, ont estimé que la difficulté réside notamment dans la pauvreté du lexique, surtout quand il s'agit de textes techniques. Ils ont affirmé que leur travail est appelé à être revu et peaufiné par la future académie de la langue amazighe. "Nous sommes en train de tracer le chemin et d'engager un début de travail sur cet aspect, et ce sera à l'Académie de le finaliser et de le revoir", ont-ils dit, mettant l'accent sur la difficile tâche de la traduction. Nabil Mehdioui a expliqué à ce propos que tous les lexiques sont consultés avant la finalisation de chaque traduction d'un texte officiel. Histoire, a-t-il indiqué, d'éviter tout recours à la néologie dans la production et la traduction d'un texte officiel. Mokrane Chikhi a quant à lui expliqué que les œuvres de Boulifa ou celles de Bensedira constituent "une référence indéniable dans le travail de production et de traduction". M. Mehdioui a estimé que ce patrimoine n'est pas suffisamment exploité, appelant à son usage dans tout travail sur la langue amazighe. Les conférenciers ont plaidé dans ce sens pour l'amendement de la loi régissant la production des textes juridiques et dont l'exclusivité est donnée à la langue arabe. "Tamazight est apte à produire des textes juridiques de référence et officiels sans aucune difficulté", ont-ils insisté, rappelant que des lexiques spécialisés sont produits à l'effet de faciliter cette production et la traduction. Farid Rabia a traité de l'apport des nouvelles technologies dans la promotion de tamazight et la nécessité d'élargir l'usage de cette langue dans les différents domaines de la vie publique. Sur un autre volet, les conférenciers ont indiqué que ce travail requiert le recours à toutes les variantes de la langue amazighe, au nombre de 14, afin d'impliquer tous les locuteurs dans ce travail de recherche. "Nous essayons à chaque fois d'utiliser toutes les variantes de la langue amazighe, d'abord pour éviter de recourir aux emprunts, ensuite afin d'impliquer les différents locuteurs de ces variantes dans ce travail énorme et important." M. M.