Le centre du Mali est devenu le théâtre d'une violence terroriste et intercommunautaire inouïe depuis un an, en raison du vide politique et sécuritaire que vit le pays depuis la rébellion de 2012. Une vingtaine de civils a été sommairement exécutée dans le centre-est du Mali, mardi, a indiqué hier dans un communiqué le Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA), qui contrôle cette partie du pays, frontalière avec le Niger. "Le Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA) porte à la connaissance de l'opinion nationale et internationale que des hommes armés ont attaqué le 15 janvier 2019 les villages de Taghatert et Inekar-Ouest (respectivement 40 et 45 km de Menaka) dans la région de Menaka, où se trouve un léger poste de sécurité du MSA", lit-on dans le communiqué du MSA, soulignant qu'"à l'issue des affrontements, les assaillants ont procédé à l'exécution sommaire d'une vingtaine de civils, dont des personnes âgées". Des membres armés du MSA dudit poste de sécurité ont aussi péri lors des combats qui les ont opposés aux assaillants, à l'identité encore inconnue. Mais tous les soupçons portent sur les groupes terroristes implantés au Niger et liés à la branche sahélienne de l'autoproclamé Etat islamique (Daech) qui font régulièrement des incursions meurtrières dans cette partie du Mali. La porosité des frontières aidant, ces groupes terroristes ciblent souvent des villages isolés et les postes avancés du MSA, causant de lourdes pertes à ce mouvement issu de la scission au sein de la Coordination des Mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion). Mais ce sont les civils qui paient le prix de cette instabilité chronique que vit le Mali depuis le putsch militaire de 2012 contre l'ancien président Amadou Toumané Touré, suivi par le déclenchement d'une rébellion des Touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) durant la même période. La conclusion d'un accord de paix en mai-juin 2015, issu du processus d'Alger et sous l'égide de l'ONU, avait ouvert la perspective d'une stabilisation du pays et du retour de l'autorité de l'Etat dans le centre et le nord du Mali. Mais avec le retard pris dans sa mise en œuvre, en raison d'un manque de la volonté politique à Bamako et d'une guerre de contrôle des territoires des anciens rebelles, la situation s'est dégradée progressivement. Profitant de ce vide, les groupes terroristes se sont réimplantés dans ces régions, recrutant dans les villages isolés en jouant sur le marasme social et le climat de désillusion politique des populations déshéritées, dominées par les jeunes. Ceci sans oublier la recrudescence des affrontements intercommunautaires opposant les Peuls aux Dogons et à d'autres communautés, sous le couvert de lutte contre le terrorisme. Et c'est souvent les Peuls qui sont victimes de ces violences, en raison de l'appartenance à leur communauté d'Amadou Kouffa, un des importants chefs terroristes du pays que les soldats français de l'Opération Barkhane ont éliminé en décembre 2018. Lyès Menacer