Censé procurer de la joie et du réconfort aux nouveaux parents, il est actuellement synonyme de stress, d'angoisse et parfois de mauvais traitements infligés aux parturientes. Le secteur de la santé publique à Bouira, plus particulièrement le service de maternité, a acquis au fil du temps une sinistre réputation. En un lieu censé procurer de la joie et du réconfort aux nouveaux parents, il est actuellement synonyme de stress, d'angoisse et parfois de mauvais traitements infligés aux parturientes. Ce dernier point a d'ailleurs suscité l'indignation de plusieurs élus lors de la dernière session de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) et a poussé certains d'entre eux à exiger une commission d'enquête sur la question. Preuve que la gestion et la qualité des service proposés dans ces structures laissent souvent à désirer, la directrice de la santé publique (DSP) locale a fait son mea culpa devant les élus. "En dépit de nos efforts, si nous n'arrivons pas à faire de nos maternités des lieux de joie et de bonheur pour les parents ainsi que pour les nouveaux-nés, nous n'aurons rien fait", a-t-elle admis. Il est vrai que les maternités à Bouira, notamment celle de l'EPH Mohamed-Boudiaf, sont décriées par les citoyens. Les élus, quant à eux, n'ont pas hésité à remettre en cause leur gestion et à dénoncer les "dépassements" qui ont été enregistrés. Ainsi, plusieurs élus, notamment ceux du FFS et du RCD, ont pris la parole lors de la séance consacrée aux "divers", afin d'épingler la gestion de la maternité de Bouira, laquelle a été présentée comme une "porcherie" où les parturientes sont livrées à elles-mêmes, sans la moindre prise en charge. "Des femmes enceintes qui partagent le même lit, qui sont insultées, voire violentées par des sages-femmes indélicates, voilà ce que nous avons pu constater", a dénoncé un élu du groupe RCD. En guise de réponse, la DSP de Bouira a encouragé les citoyens à signaler tout dépassement. "Nos portes sont toujours ouvertes, et si un citoyen se sent victime d'un quelconque dépassement, il est dans l'obligation de le signaler et c'est à nous de prendre les mesures qui s'imposent", a affirmé la première responsable du secteur de la santé à Bouira. Trois gynécologues pour 800 000 habitants Cependant, au-delà de ces dépassements chroniques dans les maternités publiques à l'échelle locale, une autre problématique a été abordée par les élus et non des moindres : le manque, voire l'absence de médecins gynécologues à Bouira. Un seul chiffre suffit pour se convaincre de la gravité de la situation : trois ! La wilaya de Bouira dispose en tout et pour tout de trois médecins gynécologues pour 800 000 habitants. Devant cette pénurie, la DSP a "taclé" quelque peu les élus, notamment les députés en leur reprochant de "ne pas l'aider" dans sa tâche. Comment ? Eh bien, en insistant auprès du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière, afin qu'il affecte un nombre important de médecins gynécologues à Bouira. Cette pénurie en médecins trouve son explication dans les dédales de la réglementation. Comment ? Eh bien, l'affectation des médecins, dans le cadre de leur service civil obligatoire, se fait sur la base de la demande exprimée par la DSP. Ceci en théorie. Mais dans les faits, c'est le règne des passe-droits et autres "coups de pouce", afin d'affecter untel ou untel dans une wilaya qui arrange les médecins. Et c'est là que le bât blesse, si ce n'est pas une destination suffisamment "attrayante" pour ces médecins. Seul point positif dans ce tableau des moins reluisants, le taux de mortalité maternelle a baissé de moitié entre 2017 et 2018, selon les dires de la DSP, qui n'a toutefois pas détaillé les chiffres. Quoi qu'il en soit, la directrice de la santé publique de Bouira a exprimé le "vœu" de faire de l'EPH de Bouira un "pôle de gynécologie" lequel rassemblerait tous les médecins gynécologues. Un pari qui est loin d'être gagné en l'état actuel des choses. RAMDANE BOURAHLA