Les armateurs des ports de Collo, de Stora et de La Marsa sont entrés de nouveau en conflit avec l'EGPP, l'Entreprise de la gestion des ports de pêche. Il faut dire que le bras de fer entre pêcheurs et l'EGPP ne date pas d'aujourd'hui mais depuis la création de cette entreprise, accusée de tous les maux par les armateurs. Ces derniers ne sont pas contre l'acquittement des frais de prestations de services et même l'augmentation de ces frais mais pourvu que l'EGPP mette à leur disposition l'équipement d'accompagnement portuaire nécessaire pour l'activité de pêche. Au niveau du port de Collo et selon le président de la Chambre de pêche, M. Mohamed Faouzi Berdjem, et des armateurs avec qui nous nous sommes entretenus, l'EGPP a revendu la grue et le clark se trouvant au niveau de ce port, qui rendaient d'énormes services, et a fermé l'accès à la cale sèche qui est utilisé notamment par les petites embarcations pour des réparations ou en période d'intempéries. Dès lors, l'armateur devra non seulement louer un clark de l'extérieur mais en plus payer 5000 DA pour faire accéder le clark au port. Les armateurs et les plaisanciers sont aussi obligés de payer les arriérés de redevances de locations du terre-plein et des cases à pêche pour pouvoir effectuer la mise en mer des embarcations. M. Berdjem considère cela comme du chantage d'autant que la location du terre-plein est semblable au prix concernant les containers au niveau du port commercial. "Ce prix ne cesse de connaître des augmentations sensibles faisant fi de la loi de finances de 2000 toujours en vigueur concernant les droits portuaires", nous expliquera le président de la Chambre de pêche de Skikda. Il fera remarquer que pourtant le plan d'eau est inclus dans les frais des charges communes que les armateurs paient périodiquement. Il dira que si l'armateur ne paie pas ces nouveaux frais et ces augmentations de tarifs, il pourra ni faire sortir ni faire entrer son embarcation et partant un arrêt total de l'activité de pêche très pénalisante pour la santé financière de l'armateur. Alors que, nous dira M. Berdjem, la loi est claire, personne ne peut arrêter l'activité de la pêche sauf le propriétaire de l'embarcation ou une décision de justice. Notre interlocuteur s'étonne aussi que ces nouveaux tarifs ne soient appliqués qu'au niveau des trois ports de pêche de la wilaya de Skikda et pas dans d'autres wilayas. L'un des propriétaires d'une embarcation de type "petits métiers" nous expliquera qu'ils sont les plus menacés par ces décisions vu que l'activité de la pêche a sensiblement diminué à cause de la diminution de la ressource au niveau du littoral de Skikda. Il nous fera aussi remarquer que ce sont des embarcations en bois qui sont les plus courtisées par les harragas pour la traversée de la Méditerranée vers les côtes italiennes. La rareté de la ressource halieutique, les nouvelles charges et l'inactivité forcée poussent les propriétaires de ces petites barques à se débarrasser de leurs embarcations d'autant qu'elles sont chèrement convoitées par les adeptes de la traversée de la Méditerranée. Selon des pêcheurs du port de Collo, une dizaine d'embarcations de type "petits métiers" ont déjà pris le large avec une moyenne de 12 personnes chacune qui se comptent essentiellement parmi les pêcheurs et qui sont d'ailleurs arrivés à bon port, nous fera remarquer l'un d'eux. Un matelot nous dira encore que la réussite de la traversée de ces harragas va certainement encourager d'autres à l'aventure. M. Berdjem nous expliquera aussi que c'est depuis une dizaine d'années que les pêcheurs exposent leurs problèmes à l'EGPP pour la révision des différents tarifs et aussi l'amélioration des prestations de services, mais c'est l'inverse qui se produit, à savoir des augmentations des tarifs et moins de prestations de services. Il nous dira que l'EGPP doit s'occuper de la sécurité au niveau des ports qui se sont transformés en lieux de débauche, des drogués, des alcooliques et des voleurs. M. Berdjem nous fera remarquer que la direction de l'EGPP reste sourde à leurs revendications, en dépit des efforts du DPRH et du directeur de la Chambre de pêche qui ont organisé plusieurs rencontres entre les différents antagonistes sans résultat. Par ailleurs, nous avons essayé vainement d'entrer en contact avec le directeur de l'EGPP pour avoir sa version des faits. A. Boukarine