L'auteure était l'invitée de l'agora du livre de la librairie Media Book, durant laquelle elle est revenue sur son roman ainsi que sur la place de la femme dans notre société. Le thème du féminisme et son corolaire d'inégalité homme-femme s'est invité à l'agora du livre de la librairie Media Book de l'Enag où l'auteure Salima Mimoune s'est fait l'écho de la détresse de l'héroïne Leila, avide d'une vie en "solo". D'emblée, cette économiste s'est investie dans "le carré des féministes" et ose la question qui fâche le macho : "Leila peut-elle vivre en solo sans qu'elle ne souffre du brasier sociétal où de chaque étincelle fuse l'incandescence du qu'en dira-t-on ?", a-t-on su de cet enfant de Taher (Jijel) lors d'une lecture de textes choisis de son roman Le bal des mensonges (éditions Enag). La conférencière a feuilleté pour l'auditoire la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de Marie Gouze dite Olympe de Gouges (1748-1793). Mieux, en ce temps d'indécision et de versatilité, on se serait même crut revenir à l'époque bénie des années 1970 porteuse d'idées novatrices et de débats à bâtons rompus sur les femmes victimes de discrimination. "Leila est-elle lucide ou naïve d'espérer l'accord parental ou l'hypothétique aval du voisinage à l'option du célibat qu'elle s'est choisie ?", s'est encore interrogée l'oratrice. Alors, convaincue qu'il y a une vie hors mariage, où l'épanouissement s'allie à d'autres projets de vie, notamment professionnel. Pas conformiste du tout, Leila évite qu'elle soit la cible de Cupidon. "D'autant que la femme n'est plus l'otage de l'homme que ce dernier liait d'infâmes liens du servage pécuniaire. Pire, et au fil des jours de Leila, il lui arrive même que les règles de convenance s'écorchent et s'écartent de la tranquillité des rives de l'oued qui charrie la raillerie du macho acariâtre et de l'ironie de la mégère", a ajouté cette ancienne de l'université Mentouri à Constantine. À ce propos, Leila essuie la moquerie sciante de noms d'oiseaux ainsi que les quolibets du voisinage comme lorsqu'elle essuie ses larmes. Outre le regard de l'autre, Leila brave également une pluie de sous-entendus si pleins de scélératesse en rapport avec ce mari qui tarde à montrer de l'alliance. "Certes qu'il y a du bon dans la vie à deux, à condition toutefois d'évacuer l'aléatoire et le hasardeux d'une union convenue beaucoup plus au poids des traditions que des sentiments. Donc, c'est au vu d'une foule d'aléas que Leila s'offusque d'une union arrangée, voire violentée contre son gré et où la femme n'a pas toujours le beau rôle", a déclaré la conférencière. Ceci dit, Leila ne désespère pas du diadème de la mariée, puisque, entre-temps, Leila s'éduque à l'amour maternel et s'enrichit de l'amitié. Et aux jérémiades de sa maman Batoul et de sa tante Biba, Leila oppose l'image d'une célibataire plutôt épanouie et réfute que sa mère l'offense du qualificatif d'une oubliée des marieuses dans le style Un toit, une famille (1982) de Laaradji Mahfoud Rabah. Pour conclure : "Est-ce à dire que les célibataires dérangent dans notre société ? Apparemment oui ! Du fait que l'option de «célibat» affole l'ordre établi et s'écarte ainsi du statut qui est réservé traditionnellement à la femme." Ecrite d'un jet de verve du renouveau, l'œuvre fictionnelle de Salima Mimoune disserte du récurrent cas de l'Algérienne qui languit d'un hypothétique ijtihad du code de l'infamie ou de la famille. Donc, autant dire que Le bal des mensonges se veut une plaidoirie pour qu'enfin tombent les masques de l'intolérance qui dissimulent l'Algérienne dans toute sa splendeur. À noter que l'après-midi littéraire a été modéré par le journaliste Meziani Abdelhakim. Louhal Nourreddine -Le bal des mensonges de Salima Mimoune, éditions Enag, 171 Pages, 600 DA.