Dans la dernière note de conjoncture diffusée hier par les Douanes, les signes d'embellie en matière de commerce extérieur sont quasi absents. Le déficit commercial s'inscrit en hausse, les exportations d'hydrocarbures en baisse, alors que la facture d'importation n'a reculé que de quelques millions de dollars à l'issue des quatre premiers mois de l'année. En chiffres, le déficit de la balance commerciale est passé de 1,83 milliard de dollars durant les quatre premiers mois de 2018 à 1,84 milliard de dollars durant les quatre premiers mois 2019, les exportations de 13,53 milliards de dollars à 13,33 milliards de dollars et les importations de 15,37 milliards de dollars à 15,17 milliards de dollars, marquant ainsi une infime baisse de 1,3%. L'économie algérienne demeure trop sensible aux turbulences du marché pétrolier mondial. La faible rentabilité du baril de Brent a pénalisé les exportations du pays, dont les hydrocarbures représentent 93,54% du volume global des exportations. Celles-ci se sont chiffrées à 12,47 milliards de dollars à fin avril 2019, contre 12,55 milliards de dollars à la même période de 2018, enregistrant une légère baisse (-0,71%). La balance commerciale ne s'est surtout pas améliorée faute d'économies significatives sur la facture d'importation. Malgré le dispositif protectionniste du gouvernement Ouyahia, mis en place dès janvier 2018, combinant les restrictions administratives, bancaires et législatives, les importations n'ont baissé que de quelques millions de dollars. En matière de maîtrise des importations, c'était plutôt le service minimum que tentaient d'assurer les précédents gouvernements, alors que l'actuel Exécutif passe du populisme à l'improvisation, se contentant de quelques coups de rabot, touchant tantôt la facture d'importation des collections CKD-SKD, tantôt les approvisionnements en céréales et en poudre de lait. Résultat : une baisse d'à peine 1,3% a été enregistrée sur la facture d'importation. Ce résultat marginal, combiné à une baisse des exportations d'hydrocarbures, pourrait donner lieu à un contrecoup sévère sur la courbe de la balance commerciale. Et plus globalement sur la balance des paiements. Le déficit de la balance des paiements pourrait s'aggraver cette année pour se situer entre 10 et 15 milliards de dollars, ce qui affectera négativement le solde des réserves de changes. Un déficit de 10 à 15 milliards de dollars de la balance des paiements se traduira mathématiquement par une ponction équivalente dans les réserves de changes ; le solde se situant à moins de 80 milliards de dollars à fin juin. Le pays a perdu plus de 114 milliards de dollars sur ses réserves de changes depuis juin 2014, date durant laquelle le marché pétrolier a connu un de ses pires retournements de situation. Ce qu'il faut retenir également de la note de conjoncture publiée hier par l'administration douanière, c'est que les importations depuis la zone dollar (Chine, Turquie et Arabie saoudite) ont augmenté sensiblement, alors que les achats du pays depuis la zone euro ont connu des tendances à la baisse durant les quatre premiers mois de l'année.