Lounès Matoub est l'un des précurseurs du combat contre ce système qui a mis le pays en coupe réglée depuis l'indépendance. Cela fait 21 ans (25 juin 1998-25 juin 2019) que Lounès Matoub a été assassiné par un groupe armé à Tala Bounane sur la route menant vers les Ath Douala, sa région natale. Plus de deux décennies après le crime, le Rebelle est toujours présent dans les mémoires. Il est, depuis, le symbole d'un combat, d'une lutte et d'un engagement sans faille pour l'amazighité, les libertés et la démocratie. Ni la censure qui l'avait frappé durant son vivant tout le long de son parcours professionnel ni son assassinat et la longue quête de la vérité sur ce crime n'ont eu raison de la détermination de ses fans à perpétuer la symbolique qu'il représente, à savoir continuer son combat et protéger sa mémoire. Sa voix retentit à chaque coin de rue, lors de chaque événement. Son portrait est partout. Il continue toujours et pour longtemps à habiter les esprits. Commémoré dans la douleur, mais aussi dans l'espoir, depuis 1999, le 25 juin est une date inscrite dans les annales de l'histoire. Elle reste pour l'éternité cette date où l'Algérie en général et la Kabylie en particulier ont perdu un de leurs meilleurs enfants, un de leurs indomptables défenseurs. La demeure de Lounès et sa tombe sont devenues ce lieu de pèlerinage de plusieurs générations de militants. Les familles qui y viennent rendent hommage au défunt, mais expriment également leur reconnaissance et leur gratitude à l'artiste qui disait : "Je préfère mourir pour mes idées que de lassitude ou de vieillesse dans mon lit." Chaque année, le 25 juin est aussi un jour de réaffirmation. Les citoyens viennent réitérer l'exigence de la vérité sur l'assassinat de l'artiste militant, mais encore leur engagement à poursuivre la lutte pour les idéaux que Matoub a toujours défendus. La demeure de Lounès ne désemplit pas. Au-delà de la symbolique du combat qu'il représente, Matoub est également devenu le symbole de la fraternité, de l'union et de la communion. Rien, absolument rien, n'a pu altérer ni son engagement ni son combat. Ceux qui l'ont tué, lui ont donné une vie éternelle. Il vit toujours dans son œuvre et à travers son engagement. Militant désintéressé, Lounès Matoub est de cette trempe d'hommes qui ne connaîtront jamais la mort, mais plutôt l'immortalité. Cette année, la commémoration du 21e anniversaire de l'assassinat du chantre de l'amazighité coïncide avec un moment historique dans la vie du pays. Un soulèvement citoyen contre le système est en cours depuis 4 mois. Depuis février dernier, des millions de citoyens battent le pavé dans les villes aux quatre coins du pays pour réclamer le changement du système et l'instauration d'une seconde république et un Etat de droit. C'est tout ce que Matoub Lounès avait chanté durant toute sa carrière. Son combat était pour la démocratie, les droits de l'homme et la reconnaissance de l'identité millénaire des Algériens. C'est dire qu'il est l'un des précurseurs du combat contre ce système qui a mis le pays en coupe réglée depuis l'indépendance. Poète courageux au verbe vif et tranchant, le Rebelle, en visionnaire, a presque tout dit. Ses chansons qu'entonnent les manifestants chaque vendredi sont le témoignage que ce soulèvement tire ses racines d'un combat initié par les générations antérieures. La contribution de Lounès a cette prise de conscience citoyenne est immense.