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Un musée dédié à Matoub Lounès
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE L'A ORDONNE
Publié dans L'Expression le 23 - 08 - 2018

Depuis ce jour funeste et inoubliable, Matoub Lounès est devenu un mythe
Il n'y a pas un petit coin d'un village kabyle où on ne trouve pas son portrait. Et sa voix retentit toujours partout.
Le fait que ce soit le président de la République, en personne, qui ordonne la réalisation d'un musée dédié à Matoub Lounès revêt une grande symbolique. Cela démontre à quel point on ne peut pas ou, du moins, on ne peut plus faire l'impasse sur le parcours et l'apport de Matoub Lounès aussi bien à l'art et à la poésie kabyles de manière générale et au combat pour les libertés, pour la langue et culture amazighes et contre tous les ostracismes d'autre part. Ce n'est donc pas le fait qu'il y aura réalisation d'un musée dédié à Matoub Lounès qui constitue l'événement en soi, mais c'est aussi et surtout le fait qu'une telle décision ait été prise au plus haut niveau de l'Etat, c'est-à-dire la présidence de la République. Le premier magistrat du pays vient ainsi d'approuver le financement et le soutien pour la réalisation d'un musée dédié au patrimoine culturel et artistique du «Rebelle» Matoub Lounès.
Ledit musée sera érigé dans le village natal du poète assassiné, Taourirt Moussa, dans la commune d'Ait Mahmoud (wilaya de Tizi Ouzou). Dans le communiqué diffusé dimanche dernier par le ministère de la Culture pour rendre publique cette décision, il est précisé que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a approuvé la demande de la réalisation d'un musée Matoub-Lounès au village Taourirt Moussa. Le président de République a aussi donné des instructions pour le financement et le soutien en faveur de ce projet culturel «qui vise la préservation de la mémoire de l'artiste Matoub Lounès, qui a contribué à la promotion de la chanson et de la musique algériennes dans sa dimension amazighe et au renforcement de l'identité nationale».
Dans le même message diffusé par Azeddine Mihoubi, le ministre de la Culture, ce dernier a fait savoir que Malika Matoub, soeur et présidente de la Fondation Matoub-Lounès, a «exprimé sa reconnaissance quant à cette noble attention, et estimé que la décision du président Bouteflika constituait un soutien à la culture ayant pour objectif la préservation de la mémoire, de ses symboles et artisans». Auteur de plus de 220 chansons et poèmes d'une originalité et d'un talent inimitables et exceptionnel, Matoub Lounès a été de son vivant et demeure le chanteur kabyle le plus adulé. Ses chansons sont écoutées toujours avec la même passion par des millions de fans. Ses 220 poèmes représentent une véritable oeuvre écrite qui dépeint avec des métaphores et une richesse lexicale reconnue par tous les spécialistes, tous les aspects de la vie et une infinité de tableaux sur l'Algérie de la période romaine jusqu'à 1998.
La poésie de Matoub Lounès est donc une écriture poétique de l'histoire, la véritable histoire de l'Algérie avec sa dimension historique et linguistique amazighe reniée après l'indépendance par le régime politique. Matoub Lounès a aussi dévoilé plusieurs pages restées méconnues de l'histoire de la guerre d'indépendance avec la négation qui avait frappé, pendant des décennies, plusieurs héros de cette guerre comme Krim Belkacem et Abane Ramdane. Les poèmes de Matoub Lounès ont aussi été, pendant longtemps, le porte-drapeau du combat pour la reconnaissance de la langue amazighe comme langue nationale. Un combat qui a abouti, en 2016, par l'officialisation de tamazight dans la Constitution algérienne après sa reconnaissance comme langue nationale en 2002.
En plus de ses textes et de ses chansons très influentes dans la société kabyle, Matoub Lounès avait toujours joint l'acte à la parole puisqu'il a été l'un des militants d'avant-garde du Mouvement culturel berbère (MCB). C'est Matoub Lounès, en compagnie de nombreux militants de la cause berbère, qui a piloté la première grandiose marche pour tamazight à Alger le 25 janvier 1990. Matoub Lounès a joué les premiers rôles dans toutes les étapes ayant émaillé le combat contre le terrorisme islamiste durant les années quatre-vingt-dix, non seulement avec ses chansons mais aussi sur le terrain et dans les médias.
Matoub Lounès avait d'ailleurs été enlevé et séquestré par des terroristes pendant 15 jours en 1994 avant d'être libéré. La vie de Matoub Lounès se confond ainsi avec l'histoire de la lutte pour l'amazighité et contre l'obscurantisme. Matoub Lounès avait combattu pacifiquement pour qu'il y ait de la place en Algérie pour toutes les sensibilités qu'elles soient: politique, religieuse, linguistique ou autres.
En décidant de lui dédier un musée, la présidence de la République réhabilite un poète, un artiste et un militant d'une envergure monumentale qui a souffert, durant toute sa vie, de l'injustice, de l'exclusion et de la censure abjecte.
Ses chansons n'étaient jamais diffusées à la télévision algérienne et même à la radio, ce n'est qu'après 1988 qu'elles ont commencé à faire timidement leur «apparition». De son vivant, Matoub Lounès avait également été la cible permanente d'une multitude d'attaques savamment orchestrées et de campagnes de dénigrement continues dont l'objectif étaient de porter atteinte à son intégrité de poète libre, lui qu'aucun système politique ni autre organisation n'avait réussi à corrompre. Libre et propre, Matoub Lounès l'a été jusqu'à son dernier souffle, le 25 juin 1998, lorsqu'il fût assassiné dans un attentat à Tala Bounane sur la route qui mène vers son village natal.
Depuis ce jour funeste et inoubliable, Matoub Lounès est devenu un mythe.
Il n'y a pas un petit coin d'un village kabyle où on ne trouve pas son portrait. Et sa voix retentit toujours partout, jour et nuit, au grand dam des monstres qui ont cru pouvoir assassiner et faire taire la voix d'un lion dont les rugissements déchirent plaines et montagnes pour atteindre les coeurs de tous ceux qui sont assoiffés de liberté.


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