La Grande-Bretagne aura, d'ici un mois, opéré des changements radicaux dans ses lois, pour se donner les moyens légaux de combattre le terrorisme. Ce sursaut politique qui se traduit par des innovations législatives est en train de surprendre en plus des prêcheurs islamistes du Londonistan, l'ensemble de la classe politique et de l'opinion publique anglaise. Dès maintenant, des expulsions de militants extrémistes et d'imams activistes sont prévues. Des “auditions sans jury” permettront à un seul juge spécialisé de décider de la période de détention d'un suspect avant son inculpation. On s'achemine ainsi vers le principe de cours spéciales antiterroristes. Cette évolution de ce qui, il y a quelques semaines, était encore le paradis du harangue intégriste ne peut que nous rappeler notre propre expérience en la matière. Frappée brutalement et de manière bien plus massive par la violence fondamentaliste, l'Algérie a dû réagir dans la surprise, mais aussi sous la pression “humaniste” contre l'agression. C'est surtout de Londres que nous parvenaient les mises en garde contre le viol des droits de l'Homme dans “la répression de la sensibilité islamiste”. Londres hébergeait aussi bien les prédicateurs fondamentalistes que les officines de défense des droits humains. C'est là-bas que le Palestinien Abou Qutada, en manque de cause, rédigeait les communiqués de revendication des crimes du GIA que la revue Ech-Charq El Awsat publiait ; c'est aussi de là-bas que Amnesty International diffusait ses rappels à l'ordre contre le déni de droit et l'excès commis à l'encontre des islamistes d'Algérie. Repaire des théoriciens et des techniciens du crime, tribune de l'islamisme belliqueux, la capitale anglaise a fini par être trahie par ses ingrats protégés. C'est d'ailleurs ce sentiment de perfidie qui vient de remettre, en Angleterre, la fameuse loi contre la trahison qui, durant la Seconde Guerre mondiale, a valu la mort par pendaison à un animateur de radio accusé d'avoir fait l'apologie du nazisme. Si l'opposition politique trouve, ici, l'occasion de compter des points contre un Tony Blair soudain trop entreprenant, il reste que le consensus continue à assurer la sainte alliance antiterroriste. Il en va du terrorisme comme de toute réalité. Tous ceux qui le nient sont condamnés à en faire, un jour, l'expérience. Et à faire l'expérience de s'en prémunir. Et ce jour-là, il arrive qu'ils constatent à leurs dépens que le terrorisme ne se dilue pas dans les lois génériques qui régissent l'ordre public, comme l'islamisme ne se dilue pas dans les institutions régissant la vie publique. C'est d'avoir accablé le pays qui fut la première cible stratégique du terrorisme qu'on en est à refaire son chemin de croix. Les victimes d'aujourd'hui ont perdu trop de temps à superviser le loyalisme des victimes d'hier. Hélas, ce temps, ils sont maintenant contraints de le rattraper en violant les préceptes qu'ils nous prescrivaient hier. M. H.