Les slogans du mouvement populaire évoluent au gré des situations et de l'actualité. Les slogans sont mis à jour chaque semaine. Une rétrospective des slogans phare du soulèvement laisse apparaître une adaptation pertinente et intelligente à l'évolution de la situation politique. Ainsi, après "Pas de 5e mandat pour Bouteflika", la rue a su adapter ses exigences pour aboutir au rejet du projet de loi sur les hydrocarbures, un chantier fort controversé. Au bout de 34 semaines, il ne se passe pas un vendredi sans que la rue mette à jour ses slogans. Mais cette évolution remarquée des slogans s'opère sur des invariables et des constantes : le départ du système, de ses hommes et de ses symboles. C'est là l'objectif principal du mouvement populaire. D'autres revendications sont ajoutées pour donner plus de force à un soulèvement endurant. Depuis les premières manifestations contre la réélection de Bouteflika à un cinquième mandat et l'engagement de la rue à faire échec au scrutin du 18 avril dernier, les exigences du mouvement populaire ont été revues à la hausse avec une demande claire et directe de faire tomber tout le système politique. C'est ainsi que ceux qui ont pris le relais après la chute de Bouteflika ont été brocardés. "Ne volez pas la victoire du peuple", clament les manifestants pour exprimer leur rejet de voir des hommes du système reprendre du poil de la bête pour maintenir le système en place. Cette évolution ne s'est pas estompée puisqu'elle a pris en charge la dénonciation de la préparation de la présidentielle du 4 juillet qui a été tout simplement avortée. "Pas de vote avec les bandes de malfaiteurs", criaient les manifestants juste après l'annonce de la tenue de la présidentielle. Lors de la même semaine, le maintien de Bensalah comme président intérimaire a été également dénoncé. Sa période d'intérim venait juste de s'achever. Il en est de même pour l'Exécutif de Bedoui que la rue ne cesse de vilipender depuis son installation. Les slogans du mouvement populaire ne sont pas restés en marge de l'évolution de la situation politique. La rue a également réagi aux discours récurrents du chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, en scandant notamment le slogan "Etat civil et non militaire". Les arrestations et les emprisonnements décidés contre les manifestants ne sont pas passés inaperçus au sein du mouvement populaire. L'instrumentalisation de la justice a été fortement dénoncée. La rue a appelé à l'indépendance de la justice, prenant pour cible les magistrats qui obéissent "au téléphone". Le scrutin présidentiel du 12 décembre prochain n'est pas en reste. L'opposition de la rue à tenir l'élection est réaffirmée sans ambages à travers des slogans. Mohamed Mouloudj