À la veille du lancement de la campagne de cueillette des olives, cette année, quatre villages de Boumahni, dans la commune de Aïn Zaouïa ont tenu à ressusciter la tradition ancestrale de "N'wal n'tadarth», que d'autres villages préfèrent appeler aussi "Assetchi". "C'est une tradition millénaire que nous célébrons pour accueillir avec joie les saisons agricoles dans l'espoir d'une récolte abondante. C'est aussi un moyen de consolider les liens entre les habitants du village et ceux des villages environnants. Ce sont des moments d'entraide, de partage et de solidarité", a expliqué un membre de l'association culturelle "Anadi" de Tizi Ameur. Durant cette journée festive abritée par le mausolée du village, pas moins de deux mille convives ont dégusté le traditionnel couscous préparé par les femmes du village avec l'aide des cuisiniers et des organisateurs. "Pour cette célébration, nous n'avons pas dépensé beaucoup d'argent parce qu'un donateur nous a offert un veau. Sinon, nous devions puiser dans la caisse du comité", nous a déclaré le président du comité de ce village. Cette célébration est marquée par une présence en force de femmes tous âges confondus, vêtues de leurs plus beaux atours et principalement de robes kabyles. Ce qui n'est pas sans rajouter du charme à cette fête villageoise qui est en passe de se généraliser dans tout le sud de la wilaya de Tizi Ouzou. En effet, au début de ce mois d'octobre, ce fut le village Tirmitine n'Boghni dans la commune de Boghni qui a célébré cette même tradition. D'autres villages encore, à l'instar de Taourirt de Boumahni, Bouakache, Ighendoussen ont organisé le même rituel. Même du côté de Maâtkas, une localité voisine de Boumahni, il y a encore de nombreux villages qui ont renoué avec cette tradition. Parmi eux, figurent Amghith à Ath Zaïm, Baba Ouali à Bouhamdoun, Tala Oughanim à Cheurfa et Yemma Tikorabin à Ath Zid. "Même durant la guerre de Llibération nationale, personne ne nous avait interdit de célébrer parce que les soldats installés dans le camp militaire savaient que c'était une tradition sacrée", se rappelle un organisateur du haut de son âge avancé. L'intérêt du retour à cette fête est aussi, selon plusieurs organisateurs, de rassembler tous les habitants qui ont quitté leurs villages pour une raison ou une autre. "C'est aussi l'occasion de régler des différends entre des habitants, et les réconcilier tel que prévu dans les règlements des comités de village", nous explique encore un d'entre eux. À noter que cette même tradition est également célébrée dans les villages de Draâ El-Mizan et d'Aït Yahia Moussa sous une appellation différente, à savoir Tahamamth, et un mode de célébration différent puisque dans ces localités, la célébration est limitée à l'immolation de moutons où la viande est partagée aux villageois avec une participation financière symbolique et à titre gracieux aux nécessiteux. Cependant, le but est le même puisqu'il s'agit d'espérer une bonne récolte et de conjurer le mauvais œil et les accidents qui surviennent durant la campagne oléicole.