Les dépenses publiques connaîtront en 2020 une réduction de 9,2%, conséquence de la baisse à la fois des dépenses de fonctionnement (près de -1,2%), mais surtout des dépenses d'équipement (-20,1%). Le projet de loi de finances 2020 est élaboré dans un contexte de crise politique et institutionnelle avec en prime une conjoncture économique très particulière, marquée par le creusement des déficits et le recul des recettes de l'Etat. À l'évidence, l'objectif affiché à travers cette loi est de créer des emplois, promouvoir les activités économiques dans plusieurs secteurs et donc créer de la richesse. Un exercice plutôt difficile à réaliser. En effet, selon les chiffres contenus dans le texte, le PLF-2020 prévoit des budgets de fonctionnement et équipement (dépenses) en deçà des seuils de l'année 2019. Les dépenses publiques connaîtront en 2020 une réduction de -9,2%, conséquence de la baisse à la fois des dépenses de fonctionnement (près de -1,2%) et des dépenses d'équipement (-20,1%). "Ce niveau de dépenses courantes devra préserver les dépenses incompressibles, à l'instar des salaires, des charges de la sécurité sociale et celles relatives au bon fonctionnement des structures publiques et à la prise en charge des besoins sociaux des catégories vulnérables", a indiqué le communiqué du Conseil du gouvernement ayant adopté le projet de loi. Parallèlement et malgré une hausse de 5,3% de la fiscalité ordinaire, les recettes globales devraient reculer de 8,3%. L'Exécutif anticipe même, une diminution des recettes de la fiscalité pétrolière, estimées à 2 200,3 milliards de dinars en 2020. Avec une économie quasi en panne, l'année 2020 s'annonce encore plus difficile d'autant que le PLF 2020 ne propose pour ainsi dire que très peu de solutions pour la relance de l'économie. Pour améliorer le climat des affaires, le projet de loi se limite à proposer une plus grande ouverture de l'économie algérienne à travers la suppression de la règle 51/49% et à un développement des start-up et de leur participation à la commande publique. Les pouvoirs publics devraient faire face dès 2020 à une perte de milliers d'emplois dans essentiellement dans le BTPH, dont la saignée ne cesse de s'amplifier. De nombreux observateurs estiment que ce texte est loin de générer une amorce de relance de l'économie. C'est, d'ailleurs, le constat fait par Mouloud Kheloufi, président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (Agea). PLF-2020, un texte de circonstance Selon lui, les entreprises ne peuvent rien attendre de ce projet de loi et que la situation de ces dernières ne fera qu'empirer. Mouloud Kheloufi, contacté par Liberté, a indiqué le secteur du bâtiment est quasiment à l'arrêt. Ce sont autour de 3 000 entreprises qui sont à l'arrêt avec leur lot de licenciements. En plus des entreprises de réalisation qui sont à l'arrêt, faute de plan de charge, il y a les producteurs des matériaux de construction, à l'instar des briqueteries qui fonctionnent au ralenti ainsi que des producteurs et/ou importateurs de fournitures de plomberie et d'électricité qui sont impactés. Pour le président de l'Agea, les décideurs ne semblent pas avoir compris que «quant le bâtiment va, tout va». Selon lui, les entreprises n'ont plus confiance. D'ailleurs, il a indiqué que malgré le manque de plan de charge, certaines entreprises rechignent à aller sur certains petits marchés à cause de la hausse des créances impayées. Etant parmi les rares personnes à critiquer la suppression de la règle du 51/49, Mouloud Kheloufi a estimé que le bâtiment se devait d'être l'apanage des entreprises nationales. Au final, le président de l'Agea a indiqué que ce projet n'est qu'un texte de circonstance et que la solution ne pourra être envisagée qu'avec le règlement de la crise politique du pays. De son côté, Ali Hamani, le président de l'Association des producteurs algériens de boissons (Apab), a relevé l'ambiguïté du texte. Il a indiqué que lors d'une réunion qui les a regroupés récemment, les chefs d'entreprise affiliés à l'Apab ont fait état de leur incompréhension du texte. Pour Ali Hamani, les attentes des entreprises ont été occultées. Dans une conjoncture très difficile faite de baisse de la demande, l'association avait émis des propositions pour alléger le fardeau des charges sur ces entreprises. En vain. Ali Hamani a souligné que les problèmes des entreprises nécessite des mesures à inscrire dans le temps et ce projet n'est que conjoncturel. L'année 2020 s'annonce donc très difficile autant pour les Algériens qui auront à faire face de nombreuses taxes qu'aux entreprises qui continueront à subir les conséquences du manque de stratégie des pouvoirs publics.