La multiplication des infractions aux différentes règles d'urbanisme dans la wilaya de Tamanrasset renseigne clairement sur le degré de dégénérescence qui affecte profondément la capitale du tourisme saharienne. La violation des plans d'occupation des sols, des espaces publics sensibles et du régime applicable aux démolitions et aux constructions et aménagements illicites donne ainsi un aperçu sur l'ampleur de la métastase et de l'excroissance urbaine constatée dans cette wilaya livrée à "une mafia" qui ne dit pas son nom. Pour vérifier cet état de fait, il suffit de se rendre aux cités Soro-Tabarkat, In Kouf et Guetaâ El-Oued ou encore à Al-Djazira et Tahaggart-Bab Ezzouar, où le béton illicite et les constructions prosaïques s'étendant à perte de vue laissent apparaître d'immenses favelas favorisant toute formes de criminalité, à l'exemple de Haï Ennissa, Haï Al-Qamar et Haï Nassim. Face à cette amère réalité, les activistes de la société civile de cette wilaya aux 50 nationalités s'en remettent aux plus hautes autorités du pays qui devraient frapper très fort pour pouvoir stopper la propagation préoccupante du parpaing illicite qui s'est étendu jusqu'aux nouvelles extrapolations. Pour ce faire, il a été préconisé de revoir le plan d'urbanisme et d'aménagement du territoire, afin de panser les plaies urbaines qui font de Tamanrasset un gigantesque bidonville viabilisé. Les autorités concernées sont également appelées à faire la purge des responsables impliqués directement ou indirectement dans cette déliquescence qui n'est que la résultante de l'exécution de travaux dans des zones d'aménagement concerté sans préalablement les soumettre à des études de sécurité publique ou encore de la défaillance des commissions compétentes. Les exemples ne manquent pas à Tamanrasset, puisque le dossier est un secret de Polichinelle et pour la population locale et pour les autorités de wilaya qui, prétextant la stabilité sociale et sécuritaire, se contentent "de petites opérations d'aménagement marquées par de grandes imperfections", maugrée-t-on, en dénonçant le défaut procédural caractérisant la vente ou la location de terrains dans des lotissements délimités sans avoir obtenu un permis d'aménager et sans s'être conformé aux prescriptions imposées par la réglementation d'usage. Rappelons que les constructions illicites ont commencé à pousser dans cette wilaya en 2007 et le bidonville s'est petit à petit étendu jusqu'à atteindre plus de 3 000 habitations en 2016, d'après le wali d'alors. Selon ce dernier, ces constructions occupaient une assiette foncière de 300 hectares. Certes, le chiffre n'a pas été actualisé depuis, mais le constat est de plus en plus alarmant eu égard à l'ampleur qu'a prise ce phénomène qui a non seulement dénaturé le cachet urbanistique de la ville, mais aussi entravé les exigences de développement de l'Ahaggar.