Le controversé projet de loi visant à amnistier des politiques et hommes d'affaires accusés de corruption ou d'enrichissement illicite continue de susciter le rejet de nombreuses parties au Liban, où les manifestants ont empêché mardi une séance parlementaire sur ce texte. Le comité politique du Courant patriotique libre, de Jibran Bassil, a confirmé hier "son refus de tous les projets de loi d'amnistie", dans un communiqué rendu public, soulignant "son attachement au pacte national, et aux institutions constitutionnelles comme moyen de réforme et de redressement économique", a rapporté l'agence de presse officielle libanaise NNA. Le parti dirigé par le gendre du président Michel Aoun a affirmé, dans l'espoir de susciter la sympathie des manifestants, que "l'approbation de ces lois fait partie de la législation urgente, selon la méthode dans laquelle est engagée le CPL depuis son entrée au Parlement", appelant également à "immuniser l'indépendance de la Justice et à soutenir ce pouvoir pour qu'il assume ses obligations en tant que pouvoir indépendant, dans la poursuite et la punition des corrompus", a rapporté encore la même source. Mardi, Gibran Bassil a annulé sine die et pour la deuxième fois en une semaine la séance parlementaire convoquée pour la discussion de ce projet controversé. Le rassemblement de centaines de Libanais devant le siège du Parlement a provoqué des tensions qui ont failli virer à l'affrontement avec les forces de sécurité. Par ailleurs, la sortie du CPL intervient sur fond de poursuite des manifestations anti-régime, marquées par une grève des élèves dans plusieurs villes du pays. Depuis le début de la contestation au Liban, pour des raisons sociales d'abord avant de se transformer en mouvement de rejet des politiques, les Libanais ont dénoncé la corruption et l'incompétence de la classe politique qui dirige le pays depuis trois décennies. Mais le pouvoir en place continue de proposer des solutions à court terme, jouant sur un éventuel essoufflement de ce mouvement de colère qui se renforce de plus en plus, ralliant d'autres franges de la société libanaise.