Les manifestations antigouvernementales au Liban ont coïncidé hier avec la célébration du 76e anniversaire de l'indépendance du pays, où la formation d'un nouveau gouvernement tarde à venir dans un contexte économique chaotique. Partis de divers endroits de la capitale et de sa banlieue, de nombreuses "parades civiles" ont convergé, drapeaux libanais au vent, vers la place des Martyrs dans le centre-ville, haut lieu de la contestation, où la foule a commencé à s'agglutiner par milliers pour réclamer une "nouvelle indépendance", ont rapporté les médias locaux. Depuis le 17 octobre, le pays vit au rythme d'une protestation sans précédent contre l'ensemble des dirigeants politiques, jugés incompétents et corrompus. Il a insufflé chez des centaines de milliers de Libanais, de tous bords, le désir d'un chamboulement du système de gouvernance, même si la classe politique actuelle continue de s'accrocher au pouvoir, comme cela est le cas dans la majorité des pays de la sphère arabo-musulmane, réfractaire à tout changement profond allant dans le sens de l'ouverture démocratique. Contestation oblige, le défilé officiel militaire organisé chaque année sur le front de mer s'est mué en modeste parade dans l'enceinte même du ministère de la Défense, en présence du président Michel Aoun et du Premier ministre démissionnaire Saad Hariri. Et la cérémonie protocolaire au palais présidentiel a été annulée. Accusée de corruption et d'incompétence, la classe politique libanaise, au pouvoir depuis trois décennies, a échoué sur toute la ligne, mais refuse de céder la place, faisant du chantage à la sécurité et du chaos dans le pays son argumentaire pour rester en place. Mais les Libanais, tout comme les Irakiens ou les Iraniens, veulent un véritable changement et la fin d'un système de gouvernance à base confessionnelle et communautaire qui a montré ses limites. L. M./Agences