Le plus grand rendez-vous annuel dédié au tourisme en Algérie s'est tenu, la semaine dernière, au Palais de la culture dans un climat morose. Pour les présents, ça n'a été qu'une participation de pure forme, mais pour les absents — et ils étaient fort nombreux —, "ce Salon a été une véritable mascarade". Informés à la dernière minute, les agences de tourisme et de voyages estiment que "l'événement qui parlait du tourisme saharien ne devait pas intervenir alors que la saison bat son plein et encore moins au cours de la campagne électorale pour la présidentielle". Ils crient au scandale et dénoncent : "Cela devient une rencontre folklorique plutôt qu'une véritable opportunité de travail", selon le patron d'une agence de voyages visiblement plus déçu que jamais de la tournure des événements. Rencontré sur les lieux, ce spécialiste des voyages n'arrivait plus à contenir sa colère : "Cela va de mal en pis. Les agences de voyages ainsi que tous les intervenants dans le secteur du tourisme jaloux du métier et de l'avenir du pays doivent agir. Il faut absolument que les choses changent, sinon, on ferme boutique et on ne parle plus de tourisme dans ce pays." La délocalisation de la manifestation a valu beaucoup de critiques au ministre du Tourisme. Ce dernier a décidé de déloger le Salon qui a toujours eu lieu à la Safex et lui a également changé de date. Il a confié son organisation à la Direction du tourisme alors que la tâche revenait auparavant à l'Office national du tourisme qui, visiblement, n'a plus de raison d'être, partant du principe que le Salon est hissé au statut de festival. "Qu'on arrête de nous raconter des histoires. Ce rendez-vous ne peut en aucun cas avoir l'étoffe d'un festival. C'est à peine si on peut lui attribuer l'intitulé de braderie où les étrangers viennent vendre leurs produits. Il se trouve que même ceux-là jettent l'éponge et se font de plus en plus rares", insistent nos interlocuteurs. Une virée au Salon nous a permis, en effet, de constater l'absence de la participation étrangère. Seuls le Mali, le Niger, l'Ethiopie et la Tunisie étaient présents. "Les étrangers ne sont pas venus pour la simple raison qu'ils n'ont pas été informés. Le Salon, qui se tient habituellement à la fin avril ou en mai, a changé subitement de date sans aucune explication. Les professionnels du tourisme sont tenus par d'autres rencontres programmées à l'avance. Ce n'est pas sérieux et cela donne une très mauvaise image de l'Algérie", confie un cadre du ministère du Tourisme qui a reconnu, par ailleurs, que "le timing de l'événement est inopportun puisqu'il intervient en pleine campagne électorale". Ce serait d'ailleurs pour cette raison que le ministère a décidé d'offrir gracieusement les stands vu que la plupart des agences, prises au dépourvu, ont refusé d'y participer. "Les véritables spécialistes du produit saharien ont toujours été marginalisés en plus du fait qu'ils soient occupés avec leurs clients car c'est la pleine saison. Ce n'est vraiment pas le moment de participer à un Salon". Enfin, fait curieux, la Safex qui s'est vu "confisquer" l'événement a déjà lancé les invitations pour l'organisation d'un second Salon pratiquement identique intitulé "Premier Salon international du tourisme d'Alger" prévu pour mars prochain !