La dernière rencontre du nouveau ministre de l'Education nationale, Mohamed Ouadjaoud, avec les organisations syndicales, a suscité colère et indignation au sein de la base syndicale, qui considèrent une telle prise de contact comme une façon de "crédibiliser et légitimer" un gouvernement issu d'un coup de force électoral. À Béjaïa, certains syndicalistes sont allés jusqu'à qualifier la participation des syndicats dits autonomes à cette entrevue avec le MEN de "coup de poignard dans le dos du hirak". "Heureusement que le hirak n'est encadré ni par des partis politiques ni par des syndicats. Car, finalement, les partis politiques ressemblent au FLN et les syndicats ressemblent à l'UGTA. Dommage pour les vrais militants qui croient encore au changement en s'appuyant sur des organisations de vendus", déplore, dans un post sur facebook, le syndicaliste Arezki Mehfi, membre actif du bureau de wilaya de Béjaïa du Cnapeste. Son camarade Yazid Makdoud, membre du conseil national du même syndicat, a carrément claqué la porte du Cnapeste en annonçant sa démission à travers une déclaration rendue publique au lendemain de cette rencontre. Il faut dire que tous les cadres syndicaux de la wilaya de Béjaïa que nous avons interrogés, hier, ont été unanimes à condamner l'empressement des syndicats à prendre langue avec un membre du gouvernement Djerad, "nommé par un président mal élu, voire illégitime". De son côté, le secrétaire de wilaya du Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE) reconnaît que la décision des états-majors des syndicats autonomes de répondre favorablement à l'invitation du ministre Ouadjaoud n'a pas été du goût des adhérents de la wilaya de Béjaïa qui ont fait part de leurs mécontentement et indignation. Notre interlocuteur nous fera savoir que le bureau de wilaya du SNTE multiplie ses contacts avec les responsables des autres syndicats autonomes, notamment le Cnapeste et l'Unpef, afin d'organiser une rencontre régionale qui débouchera sur l'élaboration d'une déclaration commune. "C'était prévisible, dès lors que les mêmes syndicalistes se sont résignés à quémander des détachements auprès des services du ministre Belabed, qu'ils considèrent, par ailleurs, illégitime !", estime Nabil Ferguenis, syndicaliste de Béjaïa.