Le gouvernement fait dans la réaction ou, au mieux, dans les généralités, alors que le pays est confronté à des défis de taille. Le deuxième Conseil des ministres d'Abdelmadjid Tebboune, tenu samedi dernier, a été consacré à certains dossiers sociaux et économiques, dont l'industrie automobile, l'agriculture, la santé et les start-up. Les mesures prises à l'issue de cette réunion étaient vagues, palliatives, loin d'asseoir une stratégie de réponse à une crise financière et économique endémique. Les urgences examinées par le Conseil des ministres étaient limitées à remettre de l'ordre dans la filière d'assemblage automobile, à mettre un terme à "l'influence accrue des lobbies et des groupes d'intérêts dans les politiques publiques", à développer l'agriculture saharienne et de montagne, à investir davantage dans la construction de logements, à rationaliser les importations, etc. Autant de généralités, alors que le pays reste confronté à des problèmes importants générés par la chute des prix du pétrole. L'activité économique tourne au ralenti, en témoigne le faible taux de croissance enregistré dans de nombreux secteurs dont les hydrocarbures, les déficits budgétaire et courant demeurent élevés, la dette interne file à des niveaux problématiques, nécessitant la suspension du financement non conventionnel, les réserves de changes fondent comme neige au soleil conséquemment au creusement du déficit de la balance des paiements, alors que le pays ne dispose plus d'aucun pare-choc financier en interne ; le solde du Fonds de régulation des recettes étant épuisé depuis février 2017, alors que la politique de la planche à billets s'était révélée contre-productive après l'impression du triple du montant initialement prévu. Ces urgences économiques et budgétaires semblent être remises à plus tard par le nouvel Exécutif qui prétend pourtant rompre avec la passivité et l'inaction des précédents gouvernements face à la crise. Plutôt que de prendre le taureau par les cornes, en mettant en place une réponse claire, efficace et aux ambitions bien chiffrées, le gouvernement fait dans la réaction ou, au mieux, dans les généralités, alors que le pays est confronté à des défis de taille en raison du ralentissement de l'activité économique, du creusement des déficits budgétaire et courant et de l'amenuisement des ressources financières. Le chômage s'est hissé à des niveaux élevés ces derniers mois en raison d'un net repli de l'investissement ainsi que du ralentissement de l'activité dans de nombreux secteurs, dont le BTPH, les hydrocarbures, l'agriculture et les services. Au plan strictement budgétaire, si la planche à billets a permis d'offrir un répit de courte durée à l'économie la perspective de l'abandon définitif de cette politique met l'Etat sous forte pression, autrement dit sur la piste de l'endettement, dont le choix a été formalisé et validé par le gouvernement des affaires courantes. La planche à billets n'a fait, faut-il l'admettre, que tenir temporairement sous perfusion nombre d'institutions administratives et financières et d'ajourner, par la même, les réponses de fond aux déséquilibres budgétaires et extérieurs, au ralentissement de la croissance et à la vulnérabilité financière du pays. Faute d'une stratégie bien réfléchie, susceptible d'atténuer les risques que fait courir l'état des comptes internes et externes au pays, le nouveau gouvernement ne fait pas mieux que ses prédécesseurs et semble pédaler dans la semoule, en reprenant à son compte les palliatifs prescrits par les précédents Exécutifs. L'assainissement des finances publiques, la réduction des dépenses de fonctionnement, la dépréciation progressive du taux de change officiel, la réforme des subventions, le développement du secteur privé, l'assainissement du climat des affaires en renforçant les facilitations, la transparence et la concurrence, la diversification des sources de financement et l'amélioration des recettes hors hydrocarbures…, autant de réformes urgentes que les deux précédents Conseils des ministres semblent avoir occultées. En revanche, l'actuel gouvernement semble avoir, jusque-là, les pieds et poings liés, puisque son champ d'action a été délimité par le gouvernement des affaires courantes, alors que sa quête de légitimité à coups de mesures populistes risque de grever davantage le budget de l'Etat.