De nombreux projets enregistrent plus de 10 ans de retard, comme le stade de 50 000 places, la pénétrante, le barrage de Souk n'Tléta et d'autres encore. L'Assemblée populaire de wilaya de Tizi Ouzou, qui a consacré, hier et sur deux jours, une session extraordinaire à la question du développement dans la wilaya, a présenté un rapport qui s'est révélé être une véritable mise à nu de la gouvernance locale de ces vingtaines dernières années. "En théorie, la wilaya dispose de l'argent et dans la réalité tout est bloqué", est-il, d'emblée, relevé dans ce rapport dans lequel les trois commissions ayant participé à son élaboration, à savoir celles de l'investissement et du développement, de l'équipement et de l'emploi, ainsi que celle de l'économie et des finances, ont imputé la responsabilité de cette situation aux seuls pouvoirs publics. "Le blocage que subit notre wilaya n'est dû ni aux oppositions des citoyens ni à la rareté du foncier et encore moins à un problème de relief comme les pouvoirs publics aiment, à chaque fois, le mettre en avant. Il est dû en réalité au laxisme dont se rend coupable cette même administration et à l'absence d'une réelle volonté politique", est-il souligné non sans détailler les contours de ce désastre orchestré et entretenu par le pouvoir dans cette région. Dans son rapport, l'APW commence par révéler qu'un vertigineux montant de 25 000 milliards de centimes, soit plus de 2 milliards de dollars, qui est théoriquement destiné au développement de la wilaya, n'a pas été utilisé. "L'administration nous présente un reste à réaliser qui est de l'ordre de 249 096 693 000 DA en 2019, afin de nous justifier la disponibilité des crédits de paiement, alors que 80% de cet argent aurait dû être dépensé depuis plus de 4 ans", a souligné le rapport, ajoutant que la question des blocages de tous les projets inscrits à l'indicatif de la wilaya est due à "l'absence de volonté politique des pouvoirs publics tant au niveau central qu'au niveau local". "Les blocages que subissent les programmes inscrits à l'indicatif de la wilaya visent à ralentir la dépense publique", accuse le rapport des élus. Au wali qui a tenté, au cours de son intervention, d'expliquer que ce montant faramineux ne dort pas dans les caisses de l'Etat, mais qu'il est plutôt injecté dans des projets en cours ou en souffrance, les élus ont répondu tout simplement qu'il s'agit "d'une mauvaise gouvernance". "Les retards dans la réalisation et le blocage de plusieurs projets, les lenteurs bureaucratiques, la mauvaise coordination intersectorielle des différents services confirment une situation de mauvaise gouvernance caractérisée, sinon, comment expliquer que le cumul d'un montant du reste à réaliser a atteint un chiffre vertigineux de 25 000 milliards de centimes ?", a répliqué le P/APW, Youcef Aouchiche. Cette accusation est argumentée avec de nombreux cas concrets dans le rapport des élus qui ont cité de nombreux projets qui enregistrent plus de 10 ans de retard comme le stade de 50 000 places, la pénétrante, le barrage de Souk n'Tléta et d'autres encore. "L'investissement est dans un état comateux dans notre wilaya où l'acte d'investir est quasi inexistant. L'investissement privé multisectoriel souffre de bureaucratie et de blocages. Le secteur de l'énergie n'a bénéficié d'aucune nouvelle inscription depuis le plan 2010-2014. Dans le secteur de l'hydraulique, de nombreux projets tardent à être lancés. Dans l'habitat, certains projets accusent plus de 18 ans de retard. Dans la santé, on enregistre une dégradation avancée et permanente des infrastructures", est-il cité, entre autres exemples, dans ledit rapport qui conclut en estimant que cette situation est le fruit d'une politique nationale qui n'a donné pour le pays que "le bradage de ses richesses".