Le coronavirus a sensiblement affaibli les perspectives économiques mondiales à court terme, relève l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) dans un rapport publié lundi à Paris. Le décrochage risque d'être brutal, alerte l'OCDE. Les perspectives de croissance sont très incertaines. L'épidémie de coronavirus pourrait faire chuter la croissance mondiale à 2,4% en 2020, son niveau le plus bas depuis les crises financières de 2008, contre 2,9% en 2019. "Elle pourrait même, peut-être, être négative au premier trimestre de 2020", a averti l'OCDE. Si le coronavirus se propageait en Asie pacifique, en Europe et aux Etats-Unis, la hausse du produit intérieur brut (PIB) mondial pourrait même tomber jusqu'à 1,5% en 2020, et faire basculer plusieurs économies dans la récession, notamment le Japon et la zone euro. La croissance dans la zone euro devrait demeurer en deçà de la normale et avoisiner 1% par an en moyenne sur 2020-2021, l'impact de l'épidémie affaiblira les résultats au premier semestre de l'année en cours. En Chine, les mesures prises pour circonscrire la propagation du virus, à savoir les mises en quarantaine et les restrictions généralisées aux déplacements de main-d'œuvre et aux voyages, ont provoqué des retards imprévus dans le redémarrage des usines après les congés du nouvel an lunaire et de nettes réductions d'activité dans de nombreux services. Ces mesures entraînent une contraction d'ampleur de la production. Sa propagation ultérieure à d'autres pays, dont la Corée et l'Italie, a déclenché également des mesures de confinement. Les implications négatives de cette situation pour les autres pays sont conséquentes : rupture directe des chaînes d'approvisionnement mondiales, fléchissement de la demande finale de biens et de services importés et repli plus large au niveau régional du tourisme d'affaires et des flux touristiques. L'aversion pour le risque s'est accrue sur les marchés financiers. Les prix des matières premières ont chuté et la confiance des entreprises et des consommateurs s'est détériorée. "Partout dans le monde, les entreprises ont vite ressenti l'impact des baisses de production en Chine, étant donné le rôle essentiel que joue ce pays dans les chaînes d'approvisionnement mondiales en tant que producteur de biens intermédiaires, notamment dans l'informatique, l'électronique, l'industrie pharmaceutique et les équipements de transport, mais aussi en tant que premier acheteur mondial de matières premières", relève l'OCDE. Les restrictions imposées sur les voyages et l'annulation de nombreux vols, visites et manifestations économiques et de loisir ont également de lourdes répercussions sur plusieurs secteurs de services. La situation devrait perdurer quelque temps encore, prévoit l'OCDE. L'Organisation suggère plusieurs mesures pour réduire l'incertitude et améliorer les perspectives de croissance. Une action coordonnée à l'échelle internationale serait nécessaire si les risques à la baisse se concrétisaient.