Sur cette liste figurent de nombreux produits dont l'Algérie est importatrice nette. De ce fait, ils ne peuvent être exportés. D'autres sous-positions ne peuvent aucunement être exportées car les besoins de notre pays en la matière sont importants. De nombreux intervenants proches du secteur du commerce extérieur estiment "très longue" la liste des 1 219 produits et sous-produits suspendus à l'exportation jusqu'à la fin de la crise du Covid-19. Ce listing ne reflète pas la gamme de produits qui sont exportés habituellement par l'Algérie. Le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri, avoue que certains produits vont alourdir davantage le nouveau Sigad (système d'information et de gestion automatisé des douanes), car ils ne sont pas d'origine algérienne mais sont plutôt importés et non pas exportés. "À mon avis, les autorités auraient dû faire l'économie d'inscrire ce genre de produits", explique-t-il, en citant des exemples tels que les ailes de requins, le jambon, le foie gras, le kiwi, la papaye, le caviar, les produits de radiothérapie... "Je me demande avec quelle logique ces produits ont été choisis", s'interroge-t-il, étant donné qu'ils n'existent pas ou ne sont pas consommés dans notre pays. Ces produits ne sont même pas importés pour être exportés par la suite, constate le président de l'Anexal. Selon ce consultant, cette liste de 1 219 produits aurait pu être allégée au minimum de 25%. Sur cette liste figurent de nombreux produits dont l'Algérie est importatrice nette. De ce fait, ils ne peuvent être exportés. D'autres sous-positions ne peuvent aucunement être exportées car les besoins de notre pays en la matière sont importants. L'autre anomalie relevée par Ali Bey Nasri a trait au fait que les concepteurs de cette liste n'aient pas consulté les principaux acteurs du marché. Pour lui, le travail de coordination entre les institutions concernées et les opérateurs économiques pour établir ce document n'a pas été effectué. Il en veut pour preuve l'interdiction d'exportation des pâtes alimentaires. Les exportations de ce produit, argue-t-il, ne dépasse pas les 12 000 tonnes. "Ce qui demeure un volume insignifiant par rapport à la demande du marché national", commente-t-il. L'Algérie produit environ 5 millions de tonnes de blé dur et importe pour 8 millions de tonnes, soit une capacité globale de 13 millions de tonnes. "Que représente les 12 000 tonnes de pâtes exportées en comparaison aux 13 millions de tonnes stockés ?" se demande-t-il encore. Mieux, de nombreux opérateurs privés importent du blé avec leurs propres fonds. "Moi, je suis contre l'interdiction d'exporter les pâtes, d'autant plus que les producteurs ont des contrats avec leurs clients à l'étranger, et en plus l'Algérie est en surcapacité d'environ 300% par rapport à la demande nationale", souligne le consultant. Les producteurs recourent à l'exportation des pâtes afin d'exploiter aussi leurs capacités dormantes. Toutes ces opérations d'exportation font gagner aussi à l'Algérie des entrées en devises. Le véritable problème pour les pâtes réside en réalité dans l'immense trafic de la contrebande au sud du pays qu'il est quasi impossible d'arrêter. Si l'on veut satisfaire et sécuriser le marché national, il faut réussir à maîtriser les circuits de distribution dans le but d'atténuer un tant soit peu la spéculation, suggère M. Nasri. Il est également primordial, affirme-t-il, d'augmenter les quotas attribués par l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) aux producteurs. Il est impératif de connaître aussi les stocks stratégiques de l'OAIC et les capacités des producteurs pour pouvoir assurer la sécurité du marché national. C'est par ces pistes que l'on pourrait garantir une offre suffisante qui satisfera les besoins du pays et non pas en recourant systématiquement à l'interdiction tous azimuts.