L'image est ce vecteur d'éducation qui inocule à l'enfant le goût du cinéma et lui permet de se hisser au siège du cinéphile de demain. Pour faire de lui également un curieux de l'art, il suffit d'axer son œil critique vers le diaporama d'images de notre patrimoine. D'où le double impact qu'il en fera d'abord bon usage de l'outil tablette et de laisser ensuite gambader son esprit fertile vers les fresques de notre legs. La faisabilité de la chose est d'autant probable, notamment à l'heure où le jet séquentiel d'images s'impose une agréable vision sur tous nos supports. À ce sujet, le cinéma est l'idéal guide qui permet des balades vers notre patrimoine, à l'instar d'Alger insolite (Tahia ya Didou !)" (1971, numérisé en 2016) de Mohamed Zinet. Le film est un cocktail d'images d'archives de la mairie d'Alger, mais aussi de plateaux de fiction, où il est loisible de s'extasier face à l'inégalable baie d'Alger vue de l'ancien "Bordj Ras El-Moul" (fort de la Pointe du môle), dit aussi Hadj-Ali. Mieux, Tahia Ya Didou ! est aussi une chance de s'abreuver aux vers des invocations de Himoud Brahimi, alias Momo (1918-1997) : "Dis-moi pourquoi mienne Casbah. Le géranium préfère prier sur les tombes ?" Au-delà de la rencontre du supplicié avec son bourreau dans le trolleybus de l'ex-Rsta, le film est aussi l'hymne à Alger qu'interprète une file d'espiègles farceurs talonnée par un agent de l'ordre public dans les rues de la capitale. Autre balade patrimoniale, le film Le Mariage de Moussa (ONCIC 1982) de Tayeb Mefti, où Moussa l'émigré (Mohamed Salah Hafidi), de retour au pays, est guidé dans les dédales de z'niqat de La Casbah par le regretté Rachid Farès (1955-2012). À ce propos, le film est un dépliant qui encense l'une des "houma", quartier le plus filmé de la capitale eu égard à l'histoire de la lutte contre l'oppresseur, mais aussi pour ses artistes d'obédience chaâbie. Seulement, et pour cette fois, Alger est louée par la chanson de Ya Dzaïr du chantre de la chanson "el-âasri" (moderne) Ahmed Wahbi (1921-1993), qui enjolive ainsi l'excursion guidée de l'aïn Bir-Djebah (puits de l'apiculteur, Haute-Casbah). Du reste, l'œuvre de Tayeb Mefti ennoblit le métier de photographe et le rituel d'une sortie au studio-photo pour un portrait de famille avec Nacéra (Hélène Katzaras) près d'un guéridon et un pot de fleurs. Autre temps, autre rituel que les jeunes de moins de trente ans ne connaissent pas. Certes, notre choix de films n'est pas exhaustif, mais il a son utilité muséale puisqu'il contribue à la pérennité de notre richesse, particulièrement en ce mois du patrimoine (18 avril-18 mai). À noter que ces œuvres sont disponibles sur Youtube.