Le groupe bancaire français Crédit Agricole table sur une forte hausse des dettes publiques des pays de la région Moyen-Orient-Afrique du Nord en 2020 et 2021. Dans sa dernière publication Perspectives, le groupe bancaire indique qu'aucun pays ne devrait avoir de budget en équilibre en 2020, alors que dix pays de la région sur dix-huit devraient avoir des déficits supérieurs à 10% du PIB. C'est principalement le cas des pays producteurs de pétrole où cette proportion sera la plus élevée. Pour l'Algérie, le déficit budgétaire devrait atteindre 12,9% cette année. Selon le Crédit Agricole, la hausse des dettes publiques des pays de la région devrait dépasser les 10 à 15 points de produit intérieur brut (PIB) entre 2019 et 2021. "La dette publique totale de l'ensemble de la zone, qui a déjà atteint 1 865 milliards de dollars en 2019, pourrait donc dépasser les 2 000 milliards de dollars fin 2020", précise-t-il. Concernant l'Algérie, la dette publique pourrait augmenter de 15% du PIB entre 2019 et 2021, pour atteindre 57% du PIB. Jusqu'à 2013, le niveau d'endettement restait faible parce que le solde budgétaire était positif ou que les déficits étaient principalement financés par des tirages sur l'épargne, après la chute des cours pétroliers. "Toutefois, depuis 2016, la dette publique s'est considérablement accrue du fait de la concrétisation des risques budgétaires et, à partir de 2017, de l'épuisement de l'épargne budgétaire", soulignait, en 2018, le FMI. Dans son analyse sur la viabilité de la dette publique, le FMI relevait qu'en 2014 et 2015 la dette publique intérieure hors garanties est restée relativement faible (8% du PIB), car les déficits budgétaires élevés étaient financés principalement par des tirages sur l'épargne du Fonds de régulation des recettes pétrolières (FRR). En 2016, la dette publique a atteint environ 20,6% du PIB, en raison principalement de la concrétisation des risques budgétaires sous la forme de soutien aux entreprises publiques. En 2017, la dette publique est passée à 27% du PIB, en nette augmentation, parce que l'épargne du FRR n'a pas suffi pour couvrir le déficit budgétaire et que l'Etat a racheté d'autres créances d'entreprises publiques. "En comptabilisant les garanties de l'Etat, les chiffres de la dette ont atteint 48% du PIB en 2017. Les garanties de l'Etat portaient sur les emprunts des entreprises publiques auprès de banques publiques (21% du PIB en 2017)", indiquait l'institution de Bretton Woods. "L'assainissement des finances publiques et la hausse des cours pétroliers ont contribué à ramener le déficit de 13,5% du PIB (sur une base encaissements-décaissements) en 2016 à 8,8% en 2017." "L'épargne du FRR étant épuisée et les liquidités intérieures diminuant, les autorités, réticentes à recourir à l'emprunt extérieur, ont modifié la loi relative à la Banque centrale et ont emprunté directement auprès de la Banque centrale un montant équivalent à 3% du PIB pour financer leur déficit", relevait le FMI. Elles ont également fait appel au financement monétaire pour racheter une partie de leurs propres créances envers les entreprises publiques et des créances des entreprises publiques envers les banques publiques, ainsi que pour financer le fonds national. La dette publique interne a entre-temps augmenté de manière substantielle puisqu'elle était de 42% du PIB à la fin de l'année dernière, selon des experts.