Les livraisons algériennes en hydrocarbures à destination de l'Espagne ont baissé de 38,4% en 2019. Les importations espagnoles de gaz naturel algérien ont touché leur plus bas niveau historique à l'issue du précédent exercice. Alors qu'en 2018, l'Algérie avait couvert près de 48,5% du gaz naturel consommé en Espagne, les livraisons algériennes en hydrocarbures à destination de l'Espagne ont baissé de 38,4% en 2019. L'Algérie, qui, depuis 30 ans, était le plus grand exportateur de gaz naturel vers ce pays, a été détrônée par les Etats-Unis. "Pour le deuxième mois consécutif, les Etats-Unis ont dépassé l'Algérie, ce qui représente une surprise historique", ont rapporté des médias espagnols, citant des données de Cores, la société qui gère les réserves espagnoles d'hydrocarbures. Le média El Confidencial explique que "ce changement est dû aux bas prix du marché". Cores souligne qu'en mars, les Etats-Unis et la Russie ont amené plus de GNL en Espagne via des cargos que l'Algérie a fourni par l'infrastructure gazière de Medgaz ou le gazoduc du Maghreb qui arrive via le Maroc. Un mois auparavant, soit au mois de février, l'Algérie avait couvert 22,6% du total des importations espagnoles en gaz naturel, alors que les USA ont couvert 27% des importations espagnoles de gaz naturel (7 924 GWh) devenant ainsi, pour la première fois, le principal fournisseur de gaz de l'Espagne. D'après les statistiques publiées par Cores, entre janvier et mars 2020, l'Espagne a reçu 20 251 GWh de GNL américain contre 19 748 GWh d'Algérie. Les Américains ont ainsi augmenté leurs ventes à Madrid de 46,7% au cours des deux derniers mois, alors que l'Algérie les a réduites de 30%. L'Algérie est devenue le principal fournisseur de gaz de l'Espagne, en partie parce qu'elle dispose de canalisations sous-marines qui relient les deux pays, ce qui rend le transport beaucoup moins cher. Cependant, l'effondrement du prix du gaz sur les marchés internationaux a fait changer la situation. En effet, les prix du gaz se sont effondrés sur les marchés internationaux plus rapidement que ceux du pétrole, à cause de la très importante réduction par la Chine de sa consommation, et la forte augmentation de la production américaine ces dernières années, grâce aux gaz non-conventionnels. "À l'heure actuelle, de nombreux opérateurs préfèrent rompre leurs engagements et acheter du gaz sur le marché spot, où les prix sont à un niveau minime, au point où il est moins cher d'acheter du gaz naturel, même en payant des pénalités pour les contrats signés", explique le média espagnol qui cite des sources industrielles. Si le prix moyen des bruts Brent et WTI a lourdement chuté lors des trois derniers mois (21% et 17%, respectivement, par rapport aux trois premiers mois de 2019), pour le gaz, les baisses ont été encore plus brutales, avec des diminutions variant entre 36%, dans le cas du Henry Hub, et 56%, pour ce qui est d'Algonquín. La forte baisse des prix a complètement redistribué les cartes du marché gazier conduisant les usines espagnoles de regazéification à la limite de leurs capacités, comme l'a averti à plusieurs reprises le gestionnaire du système gazier Enagás.Les entreprises, de leur côté,ne sont pas en reste. Naturgy a averti qu'elle reverrait tous ses contrats face à la forte baisse des prix et s'assure qu'elle sera soumise à des arbitrages si nécessaire. Cette situation inédite pour l'Algérie aura certainement de fortes implications avec, d'une part, l'effondrement des rentrées en devises pour le pays et, d'autre part, la perspective de grosses batailles pour essayer de préserver des parts de marché.
