Après avoir avoisiné les 680 milliards de dinars à la fin de 2019, le déficit de la Caisse nationale des retraites (CNR) va encore se creuser et pourrait atteindre, d'ici fin 2020, les 700 milliards de dinars. C'est ce qu'a déclaré le directeur général du Trésor, Fayçal Tadinit, lors de son passage devant les membres de la commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN), dans le cadre des débats sur l'avant-projet de règlement budgétaire 2017. Pour le DG du Trésor, "le déficit chronique de la CNR pèse lourdement sur le Trésor public", ajoutant que ce déficit "structurel" de la CNR est devenu "un vrai problème" pour lequel "il va falloir trouver des solutions dès maintenant". La CNR éprouve, depuis quelques années déjà, de fortes contraintes pour pouvoir payer les pensions à ses quelque 3,3 millions d'adhérents. En effet, il existe actuellement 2 personnes actives pour 5 retraités, alors que dans le meilleur des cas, il faudrait 5 personnes actives pour pouvoir financer la pension d'un retraité, une équation difficile à renverser compte tenu, en particulier, du sous-emploi. Le directeur général de la CNR, Slimane Melouka, avait expliqué, la semaine dernière sur les onde de la Chaîne III de la radio algérienne, qu'actuellement, la CNR est financée à hauteur de 80% par le fonds de la Cnas, soit 50% de ses besoins, à quoi s'ajoute le complément de 18 à 20% versé par l'Etat, et la part de la fiscalité versée depuis 2018, dans le cadre de la loi de finances, qui doit doubler en 2020 et qui est actuellement de 50 milliards de dinars. Faute de compter sur les cotisations pouvant être versées par un plus important nombre de salariés, le DG de la CNR avait indiqué qu'il fallait réfléchir à trouver des ressources additionnelles qui peuvent être exploitées, citant l'exemple d'éventuels prélèvements de taxes sur le tabac, la téléphonie mobile et le médicament. Mieux encore, Slimane Melouka avait évoqué la nécessité d'une véritable mise à plat du système national des retraites qui vit sous la menace permanente d'une rupture, déplorant au passage que rien n'a encore été tranché sur ce sujet. Pour rappel, en 2016, le gouvernement a entrepris des réformes partielles, en supprimant le départ anticipé à la retraite et sans condition d'âge. Après, le gouvernement a injecté 500 milliards de dinars issus du financement non conventionnel (planche à billets), dans la Caisse nationale des retraites pour éponger sa dette à l'égard de la Cnas. Plus tard, l'Exécutif avait décidé de recourir au Fonds national d'investissement (FNI) pour endiguer le déficit abyssal de la CNR. La loi de finances 2019 avait prévu une disposition de loi autorisant le FNI à accorder des prêts à long terme (jusqu'à 40 ans dont un délai de différé de 20 ans), à taux bonifiés, à la CNR. La dernière mesure en date, visant à atténuer l'énorme déficit, est celle consistant à porter à 65 ans l'âge de la retraite pour les employés qui le demandent. Reste que toutes ces mesures n'ont fait que maintenir la CNR sous perfusion. Selon les chiffres du Premier ministère, communiqué en mars dernier, le déficit CNR, qui a commencé en 2013, atteindra 1 093,4 milliards de dinars à l'horizon 2030 si des réformes structurelles ne sont pas apportées au système des retraites. Et c'est justement ces réformes structurelles qui tardent à arriver.