Tout au long de sa carrière, le photographe Kays Djilali a immortalisé à travers ses clichés des paysages et monuments algériens ayant fait le tour des galeries étrangères. Il a aussi contribué dans de nombreux ouvrages, notamment La nuit sur la figure, sur les migrants subsahariens. Le photographe et maquettiste Kays Djilali est décédé dimanche en France, à l'âge de 59 ans, des suites d'une longue maladie. Sniper de la photo, il a immortalisé grâce à son viseur des paysages et des monuments algériens ayant fait le tour des galeries internationales, notamment au Maroc, en Chine, en Russie ou encore en France. Ce passionné de l'image, admiré par ses confrères, a également contribué dans plusieurs projets, dont des ouvrages sur l'Algérie, à l'instar de 10 balades à Alger (2007) de Karrine Thomas et Philomène Bon, et Aurès vivre la terre chaouie (2011, éditions Chihab). Les œuvres de Kays Djilali étaient une "bouffée d'oxygène" pour beaucoup de photographes de l'ancienne et nouvelle générations. Celui qui a "exporté" l'image algérienne à l'international s'est également intéressé à la cause des migrants subsahariens, auxquels il a donné la parole à travers son objectif. Rassemblé dans le beau-livre La nuit sur la figure (2008, éditions Barzakh), cet ouvrage préfacé par Yasmina Khadra revient sur plusieurs personnages ayant "tenté l'aventure : la traversée du Sahara, celle de la Méditerranée. Chacun dit avec ses mots, nus, bruts, d'une poésie parfois bouleversante, sa solitude, ses espoirs. Leur répondent les photos de Kays Djilali, qui mettent en scène avec pudeur des silhouettes, des visages. Puisse ce livre, en sortant les migrants de l'ombre, leur rendre toute leur dignité". Suite à l'annonce de sa disparition, les éditions Barzakh lui ont rendu hommage en postant : "Homme de grande modestie, évoluant dans le retrait, peu soucieux d'accumuler publications et expositions personnelles, il a consacré sa vie à la photographie et à l'image. Amoureux des voyages et des grands espaces, féru de musiques du monde, Kays Djilali a, sans fin, arpenté l'Algérie, contribuant ainsi, en artisan discret et polyvalent, à constituer un fonds photographique documentaire et artistique sans précédent." Connu également pour être soucieux de la question de la transmission, son éditeur a soutenu qu'il communiquait avec "générosité sans égale son savoir-faire sur le plan graphique". Outre les paysages, Kays Djilali est, par ailleurs, l'auteur de la photographie de la pochette de l'album Kutché (1988) de cheb Khaled et Safy Boutella. Ce dernier, très ému, a écrit sur Facebook : "C'est avec une infinie tristesse que je viens d'apprendre le décès de Kays Djilali. Un homme si bon, si généreux et si talentueux. Photographe merveilleux et de son pays surtout. Il était si souvent à mes côtés lors de concerts ou d'événements. Kays était le cousin qu'on aime et qu'on apprécie pour tant de qualités de cœur." Autre hommage émouvant, celui du journaliste, auteur et réalisateur Sid-Ahmed Semiane : "Un œil s'est fermé. Un regard s'est éteint. Un talent est parti. Un homme bon est mort ce matin. Son nom est Kays Djilali. Son métier : photographe silencieux des destins humains." H. M.