Le torchon brûle entre la direction de la Caisse nationale des retraites et les professionnels du médicament. Dans un communiqué rendu public hier, trois opérateurs du secteur ont vivement critiqué la proposition du directeur de la CNR qui préconisait de taxer les médicaments, les tabacs et les alcools pour renflouer les caisses de son établissement. "Nous, syndicat et associations professionnelles du secteur pharmaceutique national, avons été profondément affectés par les déclarations publiques du directeur général de la Caisse nationale des retraites (CNR) qui a estimé que le financement du déficit structurel de cette institution devrait être assuré par une taxation à appliquer au médicament, aux tabacs et aux produits alcoolisés", indique le communiqué signé par les présidents de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop), du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo) et de l'Association nationale des distributeurs pharmaceutiques algériens (Adpha). Les signataires estiment que "ce type de propositions relève d'une approche tout à fait inacceptable et injuste", parce qu'"elle consiste à regarder l'industrie pharmaceutique nationale comme une activité rentière et source de profits indus, au moment même où le gouvernement lui-même considère qu'elle revêt un caractère sensible et stratégique". Taxer ces activités "relève d'une démarche inappropriée et d'un manque d'imagination", ajoute encore le communiqué. Les trois associations recommandent au directeur général de la CNR d'aller "prélever de la ressource dans toutes ces activités informelles qui gangrènent aujourd'hui l'économie nationale et dont les profits échappent à toute saisie fiscale". Cette réplique est expliquée par le fait que l'industrie pharmaceutique est "l'une des très rares au sein de notre économie qui soit totalement régulée dans l'ensemble de ses segments, dont tous les prix pratiqués sont fixés directement par la puissance publique et dont les transactions sont réellement transparentes d'un bout à l'autre de la chaîne de production et de distribution et échappent complètement aux pratiques de l'informel", écrivent les trois dirigeants d'organisations professionnelles. Plus précis encore, les dirigeants des organisations relevant du secteur du médicament rappellent que "la valeur de la consommation totale de la filière pharmaceutique, production nationale et importations comprises, représente l'équivalent de 400 à 450 Mds de DA", des sommes "qui ne couvriront jamais les 600 à 700 Mds de DA de déficit annuel de la Caisse nationale des retraites". Lors d'une récente intervention médiatique, le directeur général de la CNR, Slimane Mellouka, a indiqué que l'Etat pouvait trouver de nouvelles sources de financement pour combler le déficit de son organisme. Il a suggéré des surtaxes sur les médicaments, les tabacs et boissons alcoolisées. En attendant, c'est le gouvernement qui vole au secours de la Caisse des retraites en versant chaque année 500 milliards de dinars, issus notamment de la planche à billets.