RESUME : Les enfants de Nadia sont si heureux d'avoir retrouvé leur père qu'elle éprouve de la peine en pensant à la déception. Cela fait des années que Rahim a refait sa vie sans eux. Il doit avoir changé. Peut-être qu'il n'y aura pas de place pour eux, maintenant ? Nadia ne voudrait pas les voir souffrir. Rahim, qui se fait appeler Bachir depuis des années, vient les chercher à neuf heures du matin. Il les emmène dans un salon de thé. Il ne quitte pas des yeux Nadia. Celle-ci évite son regard et tente de sourire à ses enfants. Elle a le cœur serré à les voir aussi heureux. Elle ne se fait pas d'illusions. Mais ses enfants sont trop jeunes pour comprendre. Rahim se met à leur poser des questions. Il veut tout savoir sur les années passées sans lui, loin de lui. C'est Farid qui lui raconte leur départ du village et les mois vécus chez leur oncle maternel avant de venir à Oran. - On est là depuis des années. Maman travaille dans un hammam et on s'en est toujours bien sortis. Il faut aussi dire que Nouria et Djalil ne nous ont jamais posé de problèmes. Ce sont des gens bien. Rahim reconnaît qu'ils ont bien des qualités humaines. - Je leur serai toujours reconnaissant, dit-il, d'avoir su prendre soin de vous. On vit dans la même ville, mais on ne s'est pas retrouvés jusqu'à avant-hier soir. - Qui était la femme qui t'a appelé Bachir ? lui demande Nadia. Elle semblait très proche de toi. - C'est… c'est ma, dit-il avant de s'interrompre. C'est ma femme, lâche- t-il. Ce n'est pas par amour que je me suis marié avec elle mais pour survivre. Vous savez qu'en fuyant et en étant recherché, je devais me cacher. J'ai vécu dans la rue pendant des mois. Je ressemblais à un mendiant. C'est d'ailleurs dans la rue que j'ai fait sa connaissance. Des voyous tentaient de la voler, et je suis intervenu. Elle et ses enfants m'ont pris chez eux et j'y vis encore. Cela fait huit ans que je vis chez eux. - Tu t'es donc remarié ! s'écrie Lynda. Tu n'as jamais recherché après nous. - Si. je vous le jure, se défend Rahim. Je m'entends avec Yahia, un des garçons de Fatima. On s'est rendus même au village. On a cherché après vous et personne n'a pu nous renseigner. Puis, je me suis rendu chez Mohand et il était désolé de m'apprendre que vous étiez partis. Il a aussi cherché après vous. Personne ne pouvait se douter que vous résidiez dans le même quartier que nous. - Je me demande si tu dis vrai, dit Tarek, déçu d'apprendre qu'il a une nouvelle famille. Est-ce que tu as des enfants ? - Tu veux dire si tu as des frères et sœurs ? réplique Rahim avant de le rassurer. Si je me suis mis avec elle, c'était juste pour m'en sortir. Je ne vous ai jamais oubliés. Je vivais avec mes souvenirs. - J'ai du mal à te croire. - Je te le jure sur ma vie, dit Rahim. Pour vous le prouver, je vais rester avec vous. Je n'ai accepté de vivre avec Fatima et sa famille que dans le but d'avoir un semblant de vie. Ce n'était pas facile de vivre sans vous. C'est vrai que matériellement, il ne me manquait rien mais mon cœur était vide. Les gens qui m'entouraient ne pouvaient pas m'apporter la chaleur de mon ancien foyer. Je donnerai tout pour la retrouver. - Rien ne t'en empêche, réplique Farid. Si tu veux nous retrouver, tu sais où nous trouver. Rahim a pris sa décision, il n'est pas prêt de se séparer d'eux de nouveau. - Nous allons vivre ensemble. Grâce à Fatima, je me suis lancé dans les affaires et ça marche très bien pour moi. Je vais acheter un appartement. On vivra ensemble comme avant. On va rattraper le temps perdu. Rahim tiendra parole. Quelques jours après, sa famille emménageait dans le nouvel appartement. Une nouvelle vie commence pour eux. Malgré tout, ils se sont retrouvés au moment où ils ne s'y attendaient plus. La famille chez qui Rahim vivait et qui lui avait permis de se retourner ne lui fit aucun problème quand il a voulu retrouver les siens. Ils ont gardé contact et même Nadia s'est mise à les apprécier. Elle a arrêté de travailler et s'est consacrée à sa famille, enfin réunie… FIN ADILA KATIA