Résumé : Naïma tente de lire à travers les dires de son ami. Faouzi, a priori, n'était pas cet homme qu'elle croyait. Il portait en lui les profondes séquelles d'une déception sentimentale. Va-t-elle trouver l'issue salvatrice pour eux deux ? Elle soupire. - Pas du tout. Bien au contraire, à force de la chercher, on s'enfonce davantage dans le pessimisme. Il acquiesce. - Tu raisonnes bien, Naïma. - Pas aussi bien que tu le penses. - Si, tu raisonnes bien. Tu ne veux tout simplement pas l'admettre, parce que tu es offusquée par tout ce que tu as vécu ces derniers temps. Et puis tu sais écouter. Ce qui est très rare de nos jours. - Je ne peux pas refuser d'écouter quelqu'un qui me parle aussi sincèrement. Faouzi se lève et arpente le salon, avant de s'arrêter devant les photos de ses enfants. Il pousse un soupir et vint se rasseoir à côté de Naïma. - Ils doivent te manquer. - Plus que tu ne le penses. - Pourquoi ne les rejoins-tu pas en France ? - Impossible. Je ne peux pas quitter le territoire. Naïma le regarde, interloquée. - Ne sois pas étonnée, Naïma. Je vais tout te raconter. Ne m'interromps surtout pas. - Vas-y, je t'écoute. - Je suis né dans l'Algérois il y a une quarantaine d'années, mais ma famille est issue d'un village kabyle, très connu pour ses glorieux combattants. Je suis très fier de mes origines, Naïma. Très attaché à la simplicité des gens de ma branche. Tu vois, j'ai vécu dans une famille assez aisée, mais j'ai toujours su respecter les gens, particulièrement ceux que le destin n'a pas gâtés. Nous étions très à cheval sur les principes hérités de nos ancêtres. Mon grand-père, qui gérait le budget familial, savait y déduire la part du pauvre. J'ai grandi auprès de mes parents, de mes grands-parents, de mes oncles, de mes tantes, de mes cousins, etc. L'esprit de famille est si ancré en moi que je me voyais très mal vivre en solitaire. C'est donc avec un pincement au cœur que j'ai dû quitter ma famille pour faire mes études à l'étranger. J'étais major de ma promo, et je n'eus aucun mal à obtenir une bourse d'Etat pour approfondir mes connaissances. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si j'ai choisi la psychologie. Je suis un être très sociable, et mon penchant vers les autres, vers leurs préoccupations, leurs malheurs, a fait que j'aime être à l'écoute d'autrui. Et je fais de mon mieux pour soulager leurs souffrances. Ma nature ne me permet pas d'être autrement. Je suis un sentimental, un romantique, un idiot aussi. De nos jours, ces qualités deviennent des tares. Crois-en mon expérience. Bon, passons. Je fus donc envoyé à l'étranger où j'ai passé cinq années. Mon diplôme en poche, j'étais heureux de revenir au bled, de revoir ma famille et de renouer avec mes amis. Mon père, qui craignait de me voir m'installer définitivement sous d'autres cieux, était tellement content de me revoir qu'il m'ouvrit en un laps de temps très court un cabinet fort bien équipé. Tu ne peux pas imaginer, Naïma, la fierté que je ressentais quand j'ai pu, pour la première fois, m'installer devant mon bureau flambant neuf. Ma blouse neuve était d'une blancheur immaculée et le matériel évoquait pour moi ces grandes cliniques d'outre-mer que j'ai visitées au passage lors de mes stages. Enfin, j'étais chez moi, dans ma famille et dans mon pays. D'ailleurs, je faisais, comme tous les médecins de ma génération, les demi-journées hospitalières. C'est-à-dire que je devais travailler les quatre heures de permanence pendant au moins trois années. Et c'est là où j'ai connu Nassima...
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