Il y avait foule à la plage ce week-end. On aurait dit que toutes les familles s'étaient donné rendez-vous dans ce lieu, pour fuir la ville et la chaleur caniculaire de ce mois d'août. Le thermomètre montait sans répit. 40 °C à l'ombre. La mer, d'un bleu limpide, incitait à la détente. Le pavillon vert hissé en début de matinée par la Protection civile dénotait une mer calme et sans danger. Cependant, l'espace permis à la baignade est déterminé par une corde blanche retenue par des balises orange. Ce qui sous-entend qu'au-delà de cette "frontière" un fort courant est toujours à craindre. Et puis il y a aussi ces "trous noirs" au niveau des rochers alentour. Des enfants gambadaient sur la plage, heureux et détendus. Des adolescents jouaient au beach-volley. Sous les parasols multicolores, des "plagistes" devisaient tranquillement ou jouaient aux échecs, tandis que plus loin quelques jeunes filles, soucieuses de leur "look", le corps généreusement enduit de crème bronzante, rôtissaient au soleil. Samir dépose son sac à dos et jette un coup d'œil circulaire à cette foule cosmopolite. La main en paravent au-dessus de ses yeux, il se cherche un endroit où planter son parasol. Après une longue hésitation, il se décide à l'installer tout près du groupe qui jouait aux échecs. Ces gens-là avaient l'air sympa, et puis ils sont tellement absorbés dans leur besogne qu'ils ne se rendent même pas compte de sa présence. Une fois son parasol installé, le jeune homme étale son transat et sa serviette, puis allume sa petite radio, avant de se saisir de quelques revues et journaux. Un passe-temps agréable et instructif, et puis mordu de mots croisés comme il était... Sur son corps déjà bronzé, il étale une noisette de crème protectrice. Plus tard, il ira piquer une tête dans la grande bleue. Pour le moment, l'envie de paresser l'emporte sur le reste. Que c'est bon de profiter de son week-end après une longue semaine de labeur ! Il s'étire et somnole, tandis que des rayons rougeoyants jouaient devant ses yeux. Mais où avait-il donc mis ses lunettes solaires ? Il farfouille dans son sac, sans succès. Il a dû les oublier à l'intérieur de son véhicule. Et puis tiens... Son paquet de cigarettes aussi n'était pas là. Mais où avait-il donc la tête ? Il se redresse et se traite de tous les noms. Il va falloir retraverser la plage et remonter jusqu'au parking. Ses multiples tentatives dans le but de cesser de fumer s'étant avérées vaines, Samir savait que son manque de nicotine va le transformer en une boule de nerfs tout juste bon à créer une atmosphère tendue... Il pousse un long soupir, avant d'enfiler un bermuda et un tee-shirt. D'un pas léger, il traverse la plage et se dirige vers le parking. Fort heureusement, son véhicule n'était pas garé trop loin de l'entrée. Il s'y dirige, ouvre la portière et retire de la boîte à gants son paquet de cigarettes, son briquet et ses lunettes. Mission accomplie. Il s'apprête à rejoindre la plage et son parasol lorsqu'il perd l'équilibre et tombe de tout son long sur le sol rugueux du parking.
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