L'explosion a ravagé une grande partie du patrimoine culturel de Beyrouth : musées, bibliothèques, galeries d'art, centres culturels, monuments historiques. Des architectes libanais estiment que sur les 640 bâtiments historiques touchés 60 risquent de s'effondrer. Le 4 août 2020, de puissantes explosions au port de Beyrouth ont causé d'énormes dégâts à travers la ville. Le bilan provisoire est de plus de 170 morts, 6 000 blessés et de nombreux disparus. Les images de la catastrophe montrent une ville ravagée avec des immeubles effondrés ou délabrés. Un rapport publié par l'Unesco le 13 août souligne qu'"au moins 8000 bâtiments, principalement situés dans les vieux quartiers de Gemayzé et Mar-Mikhaël, sont endommagés". La solidarité a été rapidement enclenchée, au niveau tant des organisations internationales que des Etats et des ONG, une mobilisation qui laisse espérer la prise en charge des urgences et la reconstruction progressive de la capitale libanaise. Parmi les dégâts, une grande partie du patrimoine culturel de Beyrouth a été endommagée : musées, bibliothèques, galeries d'art, centres culturels, monuments historiques... ont subi des dégradations à des degrés divers. Une première étude, réalisée par des architectes libanais sur le terrain, rapporte que 640 bâtiments historiques sont touchés, dont 60 risquent de s'effondrer, ce qui préoccupe la direction générale des antiquités du Liban qui a alerté l'Unesco. Celle-ci a immédiatement entamé une mobilisation internationale pour "la récupération et la reconstruction de la culture et du patrimoine de Beyrouth". L'institution onusienne a réuni en ligne, le 10 août, "des organisations culturelles et des experts de premier plan au Liban et à l'étranger", avec comme objectif de coordonner les mesures urgentes qui s'imposent, le plus important étant de mobiliser des fonds au plus vite. "À la suite de cette tragédie, la communauté internationale a envoyé un signal fort de soutien au Liban", a déclaré Ernesto Ottone Ramirez, sous-directeur général de l'Unesco pour la culture. Comme pour la prise en charge des besoins vitaux des habitants sinistrés, le confortement des édifices historiques et culturels et leur protection contre les intempéries automnales et hivernales semblent constituer une priorité afin de stopper leur dégradation, en attendant leur restauration qui nécessitera davantage de temps et d'argent. Une délicate phase d'expertise précédera la mise en œuvre des mesures de consolidation des bâtiments endommagés qui doivent obéir à des normes préétablies. La restauration des édifices culturels est d'autant plus délicate qu'elle exige la préservation des architectures particulières et des motifs culturels anciens. Cela devrait mobiliser des spécialistes libanais et étrangers de la restauration du patrimoine historique. La réhabilitation et la reconstruction des structures culturelles plus modernes pourraient, par contre, connaître un rythme beaucoup plus rapide en raison des modes de construction standardisés. Ainsi, peu à peu, etcomme elle l'a déjà fait par le passé, Beyrouth renaîtra de ses cendres. ALI BEDRICI