L'annonce du décès, le 28 août dernier, à l'âge de 73 ans, de Marcel Tavé, l'ancien directeur du Centre culturel français de Annaba, a ému et réveillé beaucoup de souvenirs chez ceux qui l'ont connu et apprécié durant son passage dans la ville côtière, il y a un peu moins d'une vingtaine d'années. Pour une génération d'étudiants francophones qui ont fréquenté le Centre culturel du boulevard du 1er-Novembre de Annaba, entre 2001 et 2005, Marcel Tavé a laissé l'image d'un homme affable et dévoué. D'aucuns affirment aujourd'hui, encore, que pour ce responsable, qui a laissé une empreinte indélébile à Annaba, la création artistique, la valorisation des patrimoines, l'éducation permanente et l'animation socio-culturelle n'étaient pas de vains mots. Marcel Tavé, qui restera dans les mémoires comme celui qui a procédé à la réouverture du CCF de Annaba, en 2001, après une période d'inactivité pour des raisons sécuritaires, qui aura duré près de 7 années. Une tâche ardue, dont il s'acquittera avec une abnégation et un savoir-faire exemplaires, témoignent les employés encore en exercice de l'actuel Institut français et les principaux acteurs de la vie culturelle locaux. Ceux-ci sont unanimes à reconnaître que la ville a connu un éclatant renouveau culturel et artistique sous la férule de ce manager hors du commun. La ville balnéaire lui doit, en effet, outre le lancement des cours de français ô combien précieux pour les étudiants qui désirent poursuivre leur cursus en France, le vernissage d'un nombre important d'expositions et la mise en valeur des ruines du site d'Hippone, une foultitude d'activités, que l'on se doit de rappeler, en hommage au défunt. À l'instar des spectacles de très grande qualité qu'il a organisés en intra-muros avec la participation d'artistes de différents horizons tels que la chanteuse Jane Birkin, la compositrice et guitariste Angélique Ionatos, le chantre de la musique targuie, feu Othmane Bali, et l'auteur de la première nouba contemporaine inspirée du Fou d'Elsa d'Aragon, Rachid Guerbas ou encore Camel Zekri et le diwân de Biskra, Jaleo. Sous l'impulsion de Marcel Tavé, le CCF de Annaba a permis au public local de voir évoluer dans ses murs les chorégraphes Jean-pierre Gallotta Georges Appaix et d'assister à l'enregistrement en live de CD musique traditionnelle sur les planches du théâtre régional Azzedine-Medjoubi de Annaba plein à craquer. Tout comme il a permis à quelque 8000 jeunes et moins jeunes annabis de se rassembler dans une ambiance exceptionnelle sur la plage Rizzi Amor, lors de la célébration de la fête de la musique un certain après-midi de juin 2003. Soucieux de n'offrir aux Annabis que ce qui se fait de mieux en France et ailleurs, Marcel Tavé ne cessait de répéter à ses collaborateurs du CCF, des jeunes Algériens qu'il a formés et encouragés, qu'il ne présentera jamais de sous-produits à Annaba. Au volet formation, l'ami des Bônois comme on l'appelait à cette époque, a permis à plusieurs artistes en herbe de bénéficier de stages de danse contemporaine avec le célèbre ballet Angelin Preljocaj. Avant de conclure, il est utile de rappeler que Marcel Tavé est né le 29 juin 1947 à Souillac dans le département du lot (France) et qu'il a exercé en qualité de conseiller et directeur au niveau de centres culturels français de La Réunion, à Sofia, en Bulgarie, à Ankara, en Turquie, et à Lomé, au Togo. Il a terminé une longue et riche carrière dans le domaine culturel en qualité de conseil et commissaire d'exposition avec le ministère de la Culture dans la région Paca, notamment, avec le montage de deux grandes expositions, dans le Trésor de Besson, à Aix-en-Provence en 2013 et au Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem) de Marseille, en 2018. Il est également l'auteur de nombreuses publications et livres.