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Ath el-kaïd, témoin d'une époque à réinventer
Le dernier village traditionnel s'effrite
Publié dans Liberté le 19 - 09 - 2020

Les habitants et les autorités locales ne croient plus aux promesses faites quant à la restauration de ce village à l'architecture traditionnelle. Ils l'observent disparaître...
Une épaisse brume matinale enveloppait encore en cette matinée de la mi-septembre la vallée sud de Tizi Ouzou dont les plaines sont encore en jachère en cette période automnale où l'on peut admirer quelques vignobles, des jardins potagers, des figuiers et des claies de figues sèches étalées dans les champs. Peu avant neuf heures, le thermomètre de notre véhicule indiquait déjà 20 degrés, la journée s'annonçait chaude.
Mais au fur à mesure que nous avancions sur ce chemin de campagne en direction d'Agouni Gueghrane, une commune rurale accrochée au "Rocher du Corbeau", qui s'élève à quelque mille mètres d'altitude, le temps se rafraîchit et des paysages féériques et une multitude de rochers adossés les uns aux autres que dame nature a façonnés défilaient devant nos yeux.
Sur cette route sinueuse et escarpée qui mène sur une distance d'environ six kilomètres à partir des Ouadhias, vers ces crêtes, on croise des camions hargés d'eau minérale "Lalla Khedidja" dévalant cette pente pour prendre la direction de nombreuses régions du pays.
"Pour y parvenir, vous avez le choix entre ces deux chemins de montagne. Le plus large est l'œuvre du patron de cette usine d'eau minérale qui grâce à lui la vallée est désenclavée ou encore l'ancienne route sinueuse dangereuse notamment en hiver", conseille notre accompagnateur, natif de la région.
Et de poursuivre : "Ce que vous voyez là-bas est l'usine du groupe Cevital. Grâce à l'engagement de patron au lendemain de la reprise de cette unité par son groupe, de nombreux citoyens de la région ont trouvé du travail sans compter les emplois indirects qu'il a créés. Il a matérialisé son projet après plusieurs oppositions. Mais, il faut dire que c'est grâce à Cevital que la région possède l'unique entreprise qui fait travailler ses enfants et nous lui sommes reconnaissants".
Agouni Gueghrane recèle des sites touristiques magnifiques. On citera entre autres la grotte du nom amazigh Anou, Ouhrik-Ouzemmour, El Anssar n'Tfesisth, Tamda Ousserghi et bien d'autres. A l'entrée de ce village-commune, le visiteur est accueilli par la grotte Anou. Un gouffre adossée à un rocher, site de prédilection des familles et des jeunes en quête de fraîcheur en période estivale.
Tout comme par hasard, dès l'entame de notre virée dans cette région qui a vu naître un certain 19 septembre 1918 l'illustre chanteur Slimane Azem, un bureau d'études était sur place pour établir une fiche technique par rapport à l'aménagement de cette placette jouxtant cette grotte mythique. Le maire, M. Farid Babouche, suivait les architectes chargés de cette étude en leur proposant des variantes en vue de valoriser ce magnifique site.
Il voulait que la grotte soit intégrée aux aménagements projetés sur ce site. "Nous avons pensé à valoriser plusieurs sites de notre commune. Tout d'abord, c'est pour redonner vie à ces sites touristiques en désuétude. Puis, nous tentons de promouvoir le tourisme de montagne qui demeure notre seule ressource", confie le maire.
De ce gouffre profond, ouvert aux quatre vents, s'échappait une fraîcheur à donner des frissons. "En hiver, c'est de l'air chaud qui se dégage de la grotte. Personne ne comprend ce phénomène. Malheureusement, comme vous voyez, l'endroit est insalubre.
C'est un lieu fréquenté par les jeunes qui ne se soucient guère de l'environnement. Personne n'est parvenu jusqu'au fond de la grotte. Même les plus téméraires. Il faudrait peut-être des spéléologues pour percer ce secret. otre projet consiste à aménager la terrasse et aussi à y planter des arbres.
D'autres sites sont programmés par notre assemblée. C'est un défi que nous devons relever pour donner de l'essor à notre région", souligne-t-il. Au chef-lieu communal, nous passons devant le site justement consacré pour l'érection d'une stèle en hommage au grand Dda Slimane.
"C'est une partie de l'ex-siège APC. Ce terrain a été choisi par l'assemblée avec avis favorable du CTC. Nous espérons que d'ici l'année prochaine, ce monument sera achevé", annonce le maire. Avant de prendre la route vers Ath El Kaïd, un village classé au patrimoine culturel national par l'Unesco en 2006, nous avons fait un détour par la maison natale de Slimane Azem.
"C'est une bâtisse en ruines dont il ne reste qu'un amas de pierres, quelques autres matériaux traditionnels et bien sûr le pilier central", se désole-t-on. La bonne nouvelle est qu'aussi bien le comité ad hoc installé au lendemain de la propagation de la Covid-19 dans cette haute montagne ainsi que les émigrés d'Agouni Gueghrane ont décidé de prendre en charge la reconstruction de cette habitation à l'identique.
"Slimane Azem est banni dans son pays. Grâce à la volonté des habitants du village, nous tenterons de le réhabiliter dans sa région. Tout le monde se porte volontaire pour qu'un jour Dda Slimane retrouve sa place parmi les siens. C'est notre monument. On ne doit pas le laisser sombrer dans l'oubli. C'est la fierté d'Agouni Gueghrane, de la Kabylie et de toute l'Algérie.
Un jour, son nom sera porté sur le fronton des édifices publics", souhaite un jeune homme accosté devant la tribu des Azem. Pour arriver à Ath El Kaïd, nous empruntons un chemin sinueux bordé d'oliviers, de lentisques, de ronces et d'autres espèces végétales qui ne poussent que dans le Parc national du Djurdjura. Un chemin escarpé, offrant aux yeux des paysages époustouflants à couper le souffle, traverse une bonne partie de la partie basse d'Agouni Gueghrane.
Enfin, nous y sommes.
Notre première escale est la visite de la stèle érigée à la mémoire des 43 martyrs du village. "Si nous devons mourir, honorez nos mémoires" est la phrase choisie par les Ath El Kaïd pour rendre hommage à leurs martyrs.
Un village martyr
Comme tous les villages de Kabylie, Ath El Kaïd n'a pas attendu le 1er Novembre 1954 pour s'engager dans la lutte pour l'indépendance du pays. Au milieu des années 40, déjà, le premier noyau de militants s'était formé et s'était même engagé dans le mouvement national. Et au déclenchement de la guerre, le village de quelque deux cents âmes comptait un nombre important de moudjahidine d'autant plus que Krim Belkacem, qui allait à Ighil Imoula où fut tirée la proclamation du 1er Novembre 1954, faisait des sauts vers ce village où il structura le groupe d'Ath El Kaïd.
La première bataille eut lieu le 12 décembre 1955 au lieu-dit Kourief près d'Ath Slimane. Mohamed Zahzouh, un ex-officier de l'ALN, atif de cette grappe de villages, se souvient : "C'est l'une des premières batailles de la région. Sept martyrs sont tombés au champ d'honneur ce jour-là aux côtés de leur chef, El Hadj Mohamed Tekli. Du côté de l'armée française, il y avait aussi des morts. Mais personne ne savait leur nombre. On dit que c'était une dénonciation de quelqu'un qui a trahi le groupe".
Ce village historique a fini par être classé patrimoine culturel national mais, malheureusement, il est aujourd'hui au bout de l'abîme. Quelques maisons au style ancien sont encore épargnées. Les matériaux traditionnels (pierres, poutres en bois, terre et argile) jonchent les lieux. Pour y arriver, sur ce piton de 600 mètres d'altitude, il faudra emprunter des chemins muletiers très étroits dallés de pierres à l'ancienne. C'est comme un labyrinthe.
"Au lendemain de l'indépendance, il y avait tout un village dont les maisons se ressemblaient toutes. Avec les aléas du temps et la modernité, ils sont nombreux ceux qui sont descendus à Azaghar où il est facile de construire parce qu'il y a tous les moyens et ont abandonné leurs maisons. Les démunis y sont restés", raconte un habitant du village qui nous montre ce massacre que subit ce village traditionnel. En 2007, a-t-on appris sur place, une cagnotte de 3 millions de dinars avait été dégagée pour la première étape de restauration de quelques maisons.
"Il y a seulement quatre à cinq habitations qui ont été rafistolées à la va-vite. Puis, plus rien. Que reste-t-il de ce village ? A cette époque, on parlait de dix-sept milliards de centimes. Où est cet argent ? Cela fait maintenant 14 ans depuis le classement de ce village, mais, sa situation se détériore de jour en jour. En tout cas, nous sommes désarmés parce que toutes nos démarches ont été vaines", regrette-t-il.
En tout cas, aussi bien les habitants que les autorités locales ne croient pas à la réhabilitation d'Ath El Kaïd. Le pessimisme s'y installe de jour en jour. "Je ne pense pas que ce village sera restauré. Il ne reste que quatre ou cinq habitations encore debout. Des dizaines d'autres se sont effondrées et d'autres ne tardent pas à s'écrouler", lâche notre accompagnateur.
Tamda Ousserghi, un site à revaloriser
En contre-bas du village d'Ath El Kaïd, c'est plutôt Tamda Ousserghi (le canyon brûlant), un endroit paradisiaque. Ce sublime cours d'eau prend naissance dans les entrailles du majestueux Djurdjura et se jette dans la vallée. Tout à fait au fond, nous dit-on, c'est Ifri n'Tériel (la grotte de l'ogresse) que seuls les nageurs téméraires peuvent à atteindre.
Sinon, les visiteurs se contentent de piquer une tête juste à l'entrée du canal. Un pont enjambe les deux rivières, une source d'eau prisée pour son eau naturelle et fraîche et quelques espaces aménagés par les bénévoles, et c'est tout. Il est à noter que la nature a laissé ses traces en formes naturelles (humaines et animales) sur les parois de Tamda Ousserghi.
"Nous veillons à la propreté des lieux et nous exigeons des visiteurs à respecter les consignes surtout ceux qui ne connaissent ce canal. Il est dangereux de s'y aventurer. Je me rappelle d'un jeune d'une vingtaine d'années qui a péri ici, il y a de cela quatre ans, dès son premier plongeon", se rappelle un bénévole portant un gilet orange.
Tout en contre-bas, les visiteurs peuvent se permettre un sandwich, un thé ou un café. "L'été de cette année a été exceptionnel. Il y a eu énormément de visiteurs surtout que les plages étaient fermées à cause de la pandémie du coronavirus. Les jeunes viennent nager alors que les familles pique-niquent dans les quelques espaces aménagés", dit un autre bénévole.
Du côté du P/APC, l'aménagement de ce site naturel est prévu dans le programme de l'APC. "Nous voulons un bureau d'études expérimenté pour réussir l'opération car nous estimons qu'un accès jusqu'à la grotte de l'ogresse est indispensable.
En tout cas, nous appelons tous ceux qui sont intéressés à se présenter à l'APC. Le meilleur plan sera retenu", note le maire d'Agouni Gueghrane lors de notre entrevue. Cela étant, seule la prise en charge de tous les sites précités qui développeront le tourisme dans cette belle montagne qui n'a aucun autre choix pour sortir de son enclavement.


Reportage réalisé par : O. Ghilès


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