Le projet de réalisation de la pénétrante à l'autoroute Est-Ouest devant relier Tizi Ouzou à Djebahia (wilaya de Bouira), sur une longueur de 48 km, est à l'arrêt depuis février dernier. La livraison prévue initialement dans un délai contractuel de 36 mois, les travaux n'ont finalement atteint que 40% d'avancement, sept ans après son lancement. Jusque-là, seul le tronçon reliant Tizi Ouzou à Oued Falli, sur une dizaine de kilomètres, est mis en service. Il s'agit du tronçon qui présente le moins de contraintes à la réalisation. Si la crise sanitaire due au coronavirus est venue compliquer davantage la situation, ce projet était déjà confronté à une multitude de problèmes dès son lancement en 2013. Outre le relief très difficile sur une bonne partie du tracé de ce projet structurant qui devait désenclaver la wilaya de Tizi Ouzou, le groupe algéro-turc ONE (Ozgun, Nurol, Engoa) a été confronté à un épineux problème d'expropriation des terrains, tant les oppositions des habitants de certaines localités que devrait traverser cette route étaient nombreuses. Dans la localité de Maâmar, les habitants exigeaient carrément le changement du passage d'un viaduc de plus de mille mètres linéaires. Ces oppositions levées, c'est le financement du projet qui a commencé à poser un sérieux problème. Les situations financières commençaient à s'accumuler et leur prise en charge à traîner en longueur. D'ailleurs, les travailleurs qui ne percevaient plus leur salaire se voyaient à chaque fois contraints de recourir à des débrayages pour exiger leur versement. Au début de la crise sanitaire, le groupe en charge des travaux avait demandé un ODS d'arrêt des travaux. Ce qui a compromis toutes les chances de voir ce projet mené à terme. Aujourd'hui, plus de 800 travailleurs sont licenciés, les sous-traitants, dont les transporteurs, sont à l'arrêt, et les chantiers sont bloqués. Il ne reste que quelques gardiens et agents de sécurité payés pour surveiller le matériel et les bases de vie, a-t-on constaté. Pour le moment, rien n'a encore filtré sur la relance de ce mégaprojet dont l'importance n'est plus à démontrer pour le désenclavement de toute la wilaya de Tizi Ouzou. Selon une source proche du projet, les Turcs sont bloqués chez eux parce que les frontières algériennes sont toujours fermées. Une situation qui risque de nécessiter de nouvelles rallonges financières qui viendront alourdir davantage le coût de réalisation de ce projet qui a déjà connu plusieurs réévaluations depuis son lancement. À noter que ce projet a été lancé en mars 2014 pour une durée de 36 mois. Il comporte, entre autres, 37 ouvrages d'art, 21 viaducs, deux tunnels d'un total de 1 660 mètres linéaires sur les communes d'Aït Yahia Moussa et de Draâ El-Mizan, 7 échangeurs et 25 km de routes secondaires.
