Pour épargner aux patients démunis des dépenses onéreuses et éviter aux équipes médicales des déplacements aux laboratoires Pasteur des wilayas limitrophes afin de récupérer les résultats des prélèvements nasopharyngés, le défunt Mohamed Houhou et son équipe ont décidé de doter Biskra de cette structure indispensable en cette période de Covid-19. À l'initiative du défunt Dr Mohamed Houhou, président du collectif des médecins libéraux de Biskra, décédé le mois de juillet dernier des suites du nouveau coronavirus, un laboratoire de biologie moléculaire est né. Après de longs mois d'attente, il a finalement ouvert ses portes au profit notamment des patients qui ne sont pas en mesure d'effectuer des analyses médicales dans les laboratoires du secteur privé, vu son coût exorbitant, à savoir 9 000 DA, pour un test de dépistage de la Covid-19, dit-on. C'est donc dans le but d'épargner aux patients financièrement fragiles des dépenses onéreuses et d'éviter aux équipes médicales les déplacements aux laboratoires Pasteur des wilayas limitrophes pour récupérer les résultats des prélèvements nasopharyngés effectués à l'hôpital Hakim-Saâdane qu'il a été décidé de doter Biskra de cette structure non moins indispensable, surtout lors de cette période où la pandémie sévissait dans les quatre coins de la wilaya qui a, malheureusement, perdu beaucoup de ses enfants, emportés par le virus mortifère. Peiné de voir ses patients attendre une dizaine de jours pour avoir les résultats des laboratoires des wilayas environnantes, le défunt Mohamed Houhou n'est pas resté les bras croisés. En collaboration avec plusieurs praticiens qu'il chapeautait, il a alors lancé non sans difficulté le projet, témoigne Okba Mebarki, responsable bénévole des travaux de réaménagement. "Tant d'obstacles et d'embuches que nous avons rencontrés devant nous, depuis le début des travaux jusqu'à la fin. Vingt-huit jours de travail de longue haleine et des mois d'attente pour le voir finalement opérationnel. Lors de la période de réalisation, nous n'avons malheureusement rien reçu de la part des officiels, même pas un verre d'eau en guise de soutien moral de la part des services concernés, la DSP en l'occurrence", déplore-t-il. Outre les professionnels de la santé qui ont mené à bien cette opération de collecte de fonds pour le projet en question, de nombreux bienfaiteurs activant dans des associations de bienfaisance se sont eux aussi joints à l'initiative. Un engagement qui a facilité l'opération et accéléré par la suite l'avancement des travaux. En coordination avec la direction de la santé de wilaya, il a été convenu d'un commun accord que le laboratoire soit mis en place à l'intérieur de l'hôpital Hakim-Saâdane, dédié à la prise en charge des cas de contamination au coronavirus, pour des raisons organisationnelles. "Le défunt nous disait lors du début des travaux que le laboratoire serait opérationnel au plus tard fin mai dernier, et qu'il permettrait d'effectuer toutes les analyses médicales prescrites par les médecins, en particulier celles destinées à détecter les porteurs du coronavirus, parmi les nombreux cas suspects à la contamination, chose qui se faisait à ce moment-là en un laps de temps excédant parfois dix jours, puisque c'était Batna qui s'occupait de la tâche", se rappelle Okba Mebarki, avant d'enchaîner : "Aujourd'hui, le laboratoire est opérationnel. C'est un hommage post mortem à l'homme qui s'est donné à fond pour pouvoir relever un défi pareil. Il s'est consacré corps et âme pour le voir réalisé ; le destin en a toutefois voulu autrement. Le Dr Mohamed Houhou, ou le père des pauvres, s'en est allé sans voir ce dont il a rêvé, devenu réalité." Pour M. Mebarki, baptiser le laboratoire en question au nom de Houhou, comme le réclame la population, est le moindre des gestes de gratitude à l'égard de ce médecin exemplaire.