Natif des Ath Bouaïssi, dans la commune de Tizi n Berber (Aokas), en 1955, Boualem Aït Ikni fait ses premiers pas dans la chanson au début des années 1970, alors qu'il travaillait dans un restaurant à Alger. Côtoyant de près le milieu artistique algérois, il fait connaissance de plusieurs chanteurs kabyles, dont le défunt Aït Meslayene, de son vrai nom Idir Benhabouche, Karima, Ouardia Aïssaoui, El-Hasnaoui Amechtouh... Son amour pour la musique et la poésie l'a poussé à s'initier à la chanson en composant ses premières chansonnettes qui prennent aux tripes, dont les thèmes reflétaient la fougue de la jeunesse de l'époque, les sentiments d'amour et de l'exil. Doté d'une voix magnifique et d'un talent musical exceptionnel, il monte en scène dès son jeune âge en accompagnant ses amis artistes qui animaient des soirées musicales, notamment lors des fêtes de mariage, de circoncision et autres. Après son succès sur scène, il se découvre une passion pour la musique et songe à embrasser une carrière artistique. Ainsi, il enregistre son premier album en 1987, intitulé Ikhervagh Laâqel (La déraison). Deux années plus tard, soit en 1989, il signe son deuxième album, Harqagh (Je suis frustré), en France. Menant une vie en exil, il mettra six ans pour éditer, en 1995, son troisième album, intitulé Tajeggigt n lahvaq (la fleur de basilic). Il faut dire que cette œuvre artistique a connu un franc succès tant à l'Hexagone qu'en Algérie. L'exploit de Dda Boualem, comme aiment l'appeler les intimes, réside dans l'originalité de son style, puisqu'il a su mêler chaâbi et folklore kabyle. De retour en Algérie, en 1995, il regagne sa région natale, Béjaïa. Il élit domicile à Djabia, une bourgade située à l'entrée est de la coquette station balnéaire de Tichy, où il continue à égrener sur sa mandole de belles mélodies, en interprétant tantôt d'anciennes chansons, tantôt de nouveaux titres inédits. Lors de notre dernière entrevue, il nous a fait savoir qu'un nouvel album, enregistré récemment dans un studio algérois, devrait sortir sur le marché avant la fin de l'année en cours. Un autre projet qui lui tient particulièrement à cœur, l'enregistrement de deux belles chansons composées par son défunt ami Aït Meslayene. Au-delà de sa volonté d'immortaliser ces deux titres légués par son idole, Boualem Aït Ikni compte lui rendre un hommage particulier. Evoquant la situation précaire des artistes, notamment en cette période de crise sanitaire, notre interlocuteur dénonce l'attitude pour le moins "incompréhensible" des responsables du secteur de la culture au niveau de la wilaya de Béjaïa qui ont, selon lui, "exclu" une grande partie des artistes de la région de l'aide financière annoncée, en avril dernier, par le gouvernement, dans le cadre de l'opération de soutien aux catégories sociales impactées par la pandémie de Covid-19.