"Je m'élève contre cet acharnement politique et dénonce énergiquement l'asservissement de l'APN", a dénoncé, hier, le député indépendant Noureddine Aït Hamouda, qui a exprimé sa solidarité avec le président du RCD. Député d'Alger, Mohcine Belabbas ne jouit plus de l'immunité parlementaire. Réunis, hier en plénière, les députés en ont décidé ainsi lors d'un vote à bulletin secret. 241 parlementaires ont voté oui pour la levée de l'immunité parlementaire du président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), alors que 40 députés ont voté contre. 19 autres se sont abstenus de s'exprimer. 22 bulletins ont été déclarés nuls à l'issue du dépouillement. La levée de l'immunité à M. belabbas a été actionnée par le ministère de la justice suite à "l'affaire du ressortissant marocain mort accidentellement dans la demeure en construction du député du RCD". À rappeler que le président du RCD a refusé de se présenter devant la commission juridique de l'APN. Il avait dénoncé "un acharnement politique contre lui et son parti" tout en affirmant se mettre à la disposition de la justice au cas où il recevrait une convocation. Dans une déclaration rendue publique, hier, le député Noureddine Aït Hamouda du groupe des "Indépendants" a estimé que "cette célérité dans le traitement du cas Belabbas démontre, si besoin est, la soumission de l'autorité législative à l'Exécutif et expose, aux yeux de l'opinion, le degré d'instrumentalisation de cette entité législative à des visées purement politiques sinon politiciennes". M. Aït Hamouda en veut pour preuve le fait que le député Mohcine Belabbas "a montré à maintes reprises sa disponibilité à coopérer avec la justice". Dans sa déclaration, le parlementaire de Tizi Ouzou s'est interrogé sur le timing choisi, à savoir "à moins de 10 jours du référendum sur la Constitution", mais aussi "à quelques mois de la dissolution de l'Assemblée". "Cette même Assemblée aurait dû s'autosaisir et enquêter sur les députés affairistes qui auraient acheté leur poste à coups de milliards." "Elle devrait commencer aussi par lever l'immunité des dizaines de députés où quelques-uns sont mêlés à des affaires de corruption et d'autres condamnés par la justice, souvent en dernière instance, pour plusieurs forfaits et délits", a-t-il ajouté. "Je m'élève contre cet acharnement politique et dénonce énergiquement l'asservissement de l'APN." Pour le député indépendant, "c'est une injustice que l'on voudra faire subir aux élus du peuple pour leur position politique". "L'Algérie de demain se construira, assurément, en combattant les tontons macoutes avec leurs méfait et forfaiture", a conclu le député. Brahim Bennadji, député de Béjaïa, a estimé que son vote contre la levée de l'immunité du président du RCD est motivé par le fait qu'il n'appartient pas aux députés de juger "du fond d'un dossier que seule la justice est à même d'élucider". "Ma décision est motivée par ce traitement sélectif de deux poids, deux mesures, qui fait qu'on s'empresse de traiter certains cas et d'ignorer des affaires autrement plus graves, émanant de parlementaires qui ont porté atteinte à la cohésion nationale et à l'intégrité de certaines catégories du peuple algérien. Des scandales d'ordre pénal qui ont fait l'objet de plaintes de citoyens sans jamais connaître de suites à ce jour", a ajouté M. Bennadji. Pour sa part, le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh), Saïd Salhi, a exprimé "sa solidarité entière avec le président du RCD et l'ensemble de ses militants", tout en dénonçant "ces attaques qui ciblent les militants de l'opposition". "Ces dernières qui interviennent sur fond de campagne de restrictions généralisées des libertés ne feront qu'envenimer encore plus le climat, déjà délétère, attiser et prolonger la crise et, du coup, compromettre la solution qui ne peut être que démocratique et en phase avec les attentes suscitées notamment par le Hirak pacifique", déclare M. Salhi.