Malgré le fragile accord conclu à Tunis, les parties libyennes affichent une meilleure détermination à reproduire sur le terrain leurs engagements politiques, sous l'égide de l'ONU. L'émissaire par intérim du SG de l'ONU pour la Libye, Stephanie Williams, a rendu publics lundi soir les conditions d'éligibilité du futur exécutif unifié libyen, ainsi que le texte fixant les missions du futur gouvernement, dont le mandat ne devrait pas excéder les 18 mois, renouvelable une fois pour six mois, selon les conclusions du Forum politique libyen à Tunis qui s'est déroulé du 9 au 14 novembre dernier. Le texte fixe aussi les prérogatives du Conseil présidentiel qui, entre autres, aura à assurer le rôle d'état-major de l'armée libyenne, à désigner les représentants diplomatiques du pays à l'étranger et à lancer le processus de réconciliation nationale. Le Conseil présidentiel a aussi la possibilité de proclamer l'état d'urgence et l'état de guerre, avec l'aval du Parlement. Soumis également au contrôle du Parlement exilé à Tobrouk, dans la prise de certaines décisions, le gouvernement unifié aura deux objectifs principaux à atteindre : organiser des élections présidentielle et législatives dans les délais qui lui sont impartis, et, exécuter les décisions consensuelles issues du forum de Tunis, lit-on dans le document publié par la Mission d'appui de l'ONU pour la Libye (Manul). Si les 75 délégués libyens, choisis par l'ONU pour participer audit forum, se sont séparés dimanche sans s'entendre sur les noms des futurs dirigeants de cet exécutif, ils ont, néanmoins, balisé le terrain avec l'ONU pour un accord politique global, à même de mettre fin à presque dix ans de guerre en Libye. Ils disposent, par ailleurs, de moins d'une semaine pour trancher cette question, alors que l'adoption d'une nouvelle Constitution divise toujours les parlementaires et une partie des Libyens. Mais pour l'ONU, la future Constitution ne peut être adoptée avant la mise en place d'un gouvernement unifié, selon Mme Williams, lors d'un point de presse à Tunis la semaine dernière. Concernant les conditions d'éligibilité des Libyens au Conseil présidentiel et au gouvernement unifié, l'ONU a refusé l'exclusion des figures ayant déjà occupé un poste de responsabilité depuis 2014. Les délégués libyens avaient, en effet, refusé l'exclusion de ceux qui ont occupé des postes de responsabilité au sommet de l'Etat libyen, au sein des deux gouvernements parallèles, de postuler de nouveau pour un rôle dans le Conseil présidentiel et dans l'exécutif. Autrement dit, des figures politiques comme l'actuel président du Parlement, Aguila Salah, ou encore Fethi Bachagha, ministre de l'Intérieur dans le gouvernement d'union nationale de Fayez al-Serraj, pourraient postuler, selon le document de l'ONU, qui exige toutefois des candidats d'être détenteurs de la seule nationalité libyenne. Les participants au forum de Tunis sont toutefois interdits de toute candidature à des postes de responsabilité, comme cela avait été conditionné par la Manul dès le départ. Cela dit, malgré les avancées enregistrées jusque-là dans la relance du processus politique en Libye, la prudence est de rigueur, notamment en raison des ingérences étrangères qui risquent de saper les efforts consentis depuis plusieurs semaines, dont le cessez-le-feu conclu en octobre à Genève entre les parties rivales. Lyès Menacer