Depuis l'arrivée d'Abdel-Fattah al-Sissi au pouvoir en 2013, les militants de l'opposition et de défense des droits de l'Homme sont victimes d'une terrible répression et de tortures parfois à huis clos. Le nombre d'exécutions a doublé lors des deux derniers mois en Egypte par rapport au nombre recensé tout au long de l'année 2019, a alerté hier l'ONG Amnesty International (AI) dans un communiqué virulent contre Le Caire, dénonçant le flou qui les entoure et les violations à huis clos des droits de l'Homme dans ce pays. "Pour les seuls mois d'octobre et de novembre, les autorités égyptiennes ont exécuté au moins 57 hommes et femmes, près du double des 32 exécutions recensées tout au long de l'année 2019", a indiqué AI sur son site, évoquant "un bilan choquant et probablement sous-estimé, car les autorités égyptiennes ne publient pas les chiffres relatifs aux exécutions, pas plus que le nombre de prisonniers se trouvant dans le quartier des condamnés à mort". Citant des sources officielles anonymes, les médias égyptiens ont rapporté au moins 91 exécutions depuis le mois d'octobre dernier. L'ONG parle dans son communiqué d'une "frénésie d'exécutions", sans informer les familles et les avocats des dates des exécutions. "Les autorités égyptiennes se sont embarquées ces derniers mois dans une frénésie d'exécutions, ôtant la vie à de nombreuses personnes, dans certains cas à l'issue de procès collectifs manifestement iniques", a déclaré Philip Luther, directeur de la recherche et de l'action de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty International. "Ces exécutions sont particulièrement affligeantes au regard des défaillances avérées et systématiques du droit à un procès équitable en Egypte, les tribunaux s'appuyant souvent sur des ‘aveux' obtenus sous la torture", a souligné AI, expliquant que "le pouvoir égyptien piétine le droit à la vie en affichant un mépris choquant pour ses obligations découlant du droit international et s'en prend aux courageux défenseur(e)s des droits humains de l'Initiative égyptienne pour les droits de la personne, organisation qui recense et dénonce ces atteintes". Et d'affirmer que ce que l'ONG qualifie d'"offensive contre le droit à la vie", concernait "au moins 15 personnes condamnées à mort dans le cadre d'affaires liées à des violences politiques, à l'issue de procès manifestement iniques entachés par des ‘aveux' forcés et de graves violations des droits humains, notamment des actes de torture et des disparitions forcées'. Evoquant les conditions de détention dans la prison d'Al-Aqrab, considérée comme un lieu de détention de torture notoire dans le sud du Caire, "la quantité de nourriture distribuée aux détenus, y compris aux condamnés à mort, a été réduite et l'électricité a été coupée dans leurs cellules", affirme encore Amnesty, citant des sources "bien informées", précisant que ces agissements des autorités interviennent en guise de "représailles manifestes faisant suite aux problèmes de sécurité survenus le 23 septembre", a ajouté le communiqué. "Les gardiens ont frappé 10 prisonniers à coups de tuyau d'arrosage, de bâton et de matraque et ont confisqué leurs affaires, y compris la literie. Après ces événements, la plupart ont été transférés dans des cellules d'isolement ou dans une autre prison de triste réputation, la prison n°2 de haute sécurité de Tora", a documenté encore AI.